A chaque livre, Christine Angot fait immanquablement parler d'elle. En bien ou en mal. En plaisant aux uns, en horripilant les autres. Une semaine de vacances, son nouvel opus, va provoquer les mêmes débats. Un homme portant des lunettes a enlevé les siennes pour s'asseoir sur une autre lunette. Celle en bois blanc des toilettes. Il est nu, hormis ses chaussettes, et "bande". L'homme en question s'adresse à une brune personne de sexe féminin tout juste sortie de sa douche. "Tu as pris ton petit-déjeuner ce matin ? Tu n'as pas faim ? Tu ne veux pas un peu de jambon ?" lui demande-il.
Nous sommes en province. A une époque où l'on roule en 604 et où Emile Ajar refuse le prix Goncourt qui lui a été attribué pour La vie devant soi. On découvre que l'homme est germaniste et se montre tatillon sur ce qu'il faut dire ou faire. Monsieur a une femme dont les seins évoquent "de petits citrons", deux enfants, une maîtresse étudiante prénommée Marianne. La jeune femme, elle, est dotée d'une poitrine rappelant "deux gros pamplemousses". Elle est vierge, lit Gilbert Cesbron et Les six compagnons, obtempère quand l'homme la guide et lui demande de garder son sexe dans sa bouche, de ne pas le mordre avec ses dents.
Parfois, il lui demande aussi de dire encore : "Je t'aime papa" ou "C'est bon papa", sans doute afin de pimenter leurs ébats. Lesquels, outre maintes fellations, incluent ce que l'on nomme un "soixante-neuf" et des ébauches de sodomie avec force utilisation de vaseline... La quatrième de couverture précise que Christine Angot a écrit ce court roman "comme on prend une photo, sans respirer, sans prendre le temps de souffler". S'il résiste à la tentation d'interrompre sa lecture, c'est aussi sans respirer que le lecteur la poursuivra. Il y verra, selon sa sensibilité, un chef-d'oeuvre d'érotisme et d'ambiguïté ou un monument de roublardise et de ridicule.