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Le quotidien britannique The Independent a publié une spectaculaire étude émanant du NHL (l’équivalent du service de santé publique) sur l’implication de Cinquante nuances de Grey dans la hausse des MST.

C’est principalement parmi les couples âgés de plus de 50 ans que les effets sont spectaculaires. Charlotte Jones, qui préside le comité des médecins généralistes, a déclaré que les lecteurs oubliaient de se protéger notamment contre l’herpès génital, la syphilis, la blennorragie et le sida. Car ces adultes inconscients ont commencé leur vie sexuelle bien avant l’épidémie de sida et n’ont donc pas le réflexe d’utiliser des préservatifs masculins. Le NHL a même chiffré à 7 % l’augmentation, liée au best-seller, des MST chez les personnes âgées de plus de 65 ans.

Aucune poursuite n’a pour l’heure été engagée contre ce livre si dangereux ; alors que le droit est parfois assez imaginatif.

En France, il a été possible, par exemple, de poursuivre l’éditeur d’un ouvrage relatif aux champignons comestibles, dont une information erronée avait entraîné une intoxication alimentaire chez les lecteurs ; et ce sur le fondement des règles de la responsabilité contenues dans le Code civil. 

Il existe aussi des lois spécifiques, votées à la suite des dégâts causés par des livres emblématiques.

La parution de Suicide mode d’emploi, en 1982, a fait l’effet d’une bombe. Les deux auteurs proposaient au lecteur une “histoire, technique, actualité” du suicide. Le titre sonnait comme un détournement du roman de Perec, La vie mode d’emploi. Et le propos se voulait libertaire : les références aux penseurs de l’anarchisme étaient nombreuses, et la volonté des auteurs assez précise. Ils étaient révoltés par le spectacle de la société, et entendaient s’opposer au “terrorisme d’Etat”. Le ton était délibérément provocant, comme le montrait la quatrième de couverture : “Qu’on se rassure, nous n’aimons pas la mort. Nous préférons savoir que des enfants s’aiment, qu’un prisonnier s’évade, que les banques brûlent, que la vie en mot manifeste.” En 276 pages, le livre se voulait un guide pratique de la mort volontaire. 

Parmi les combats à mener, le droit au suicide, assisté ou non, représentait, pour les auteurs de Suicide…, une lutte essentielle. C’est le dixième chapitre du volume, “Eléments pour un guide du suicide”, qui présentait le volet le plus “pratique” de l’ouvrage. Outre les produits à “éviter”, les modes de suicide à ne pas “essayer”, les auteurs dressaient une liste des médicaments à employer, avec la dose adéquate. La lecture “empoisonnée” se trouvait entre les pages 221 et 233. Précédée de recommandations pratiques (où ? quand ? comment ?),  une liste très importante de médicaments à ingérer était détaillée, avec une appréciation (dose minimale et dose suggérée), ainsi que les calculs du temps nécessaire à la mort (effet rapide, moyen ou lent).

Plus de 80 suicides ont pu être attribués avec certitude aux recommandations préconisées dans ces pages. Les auteurs et l’éditeur du « mode d’emploi » ont donc été renvoyés devant les tribunaux, assignés par les parents d’une jeune femme décédée. Ils ont cependant échappé à la condamnation.

C’est ainsi qu’est apparue la loi sur la provocation au suicide, votée le 31 décembre 1987. Le livre a été dès lors vite interdit.

Que les éditeurs qui surfent sur le succès de Cinquante nuances de Grey se rassurent, E. L. James n’a pas encore été déclarée coupable de petite mort.

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