L’auteure de Ranma ½ et Juliette je t’aime a reçu, mercredi 23 janvier, le plus prestigieux prix de bande dessinée à la veille de l’ouverture du 46e Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Elle est la deuxième femme de l'histoire du prix à être distinguée, et la troisième artiste japonaise.
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Nicolas Turcev Créé le
23.01.2019
à 20h17, Mis à jour le 14.03.2023 à 14h54
La mangaka Rumiko Takahashi, auteure de Ranma ½ (Glénat) et Maison Ikkoku (Tonkam, plus connu sous le nom de Juliette je t’aime) a reçu mercredi 23 janvier le Grand prix 2019 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD). Elle a été désignée par un collège d’auteurs de bande dessinée accrédités au salon. Elle est seulement la seconde femme à recevoir cette distinction, après Florence Cestac en 2002, et la troisième mangaka après Akira Toriyama en 2013 et Katsuhiro Otomo en 2015. La japonaise a été préférée à l’américain Chris Ware, déjà finaliste en 2013, 2017 et 2018 et au français Emmanuel Guibert, également finaliste en 2018. Elle succède à Richard Corben.
Malgré les critiques récurrentes visant l'absence de femmes nominées au Grand prix FIBD, Rumiko Takahashi faisait figure de favorite de l’édition 2019. Formée par le maître du gekiga Kazuo Oike, la légendaire auteure de shonen a marqué des générations entières avec Maison Ikkoku (Tonkam, plus connu sous le nom de Juliette je t’aime) et Ranma ½ (Glénat). Les adaptations en anime de ces deux titres phares, diffusées dans l’émission Club Dorothée sur TF1, ont fortement imprégné les jeunes esprits et le paysage audiovisuel français des années 1980 et 1990.
Les œuvres de la mangaka se sont vendues à plus de 200 millions d’exemplaires dans le monde et, à l’instar de son mentor Oike, elle a fait son entrée en 2018 dans le prestigieux Eisner Hall of Fame aux côtés d’Osamu Tezuka, Hayao Miyazaki et Katsuhiro Otomo. Ses histoires teintées de progressisme mettent régulièrement en scène des personnages féminins ou marginaux comme dans Ranma ½, qui raconte l’histoire d’un protagoniste homme qui peut se transformer en femme. La série a suscité de nombreux débats sur la question du genre et se voit parfois citée comme un exemple précurseur de la littérature queer moderne. Glénat publiera les éditions originales des tomes 7, 8 et 9, respectivement en février, avril et juin.
Le personnage de Ranma dans le manga éponyme- Photo GLÉNAT
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Changement de ton
D’abord remarquée pour sa maitrise de l’humour et sa capacité à jongler avec maestria entre gags, romance et moments de bravoure, Rumiko Takahashi a ouvert en 1997 une autre phase dans sa carrière avec la publication d’Inu Yasha (Kana), une œuvre plus sombre qui se déroule dans le Japon ravagé par les guerres claniques de l’ère Sengoku (avant 1600). Elle reçoit le prix du meilleur manga télévisuel aux Tokyo Anime Awards pour la série diffusée entre 2000 et 2004 (167 épisodes). Avec ce titre, elle remportera aussi son deuxième prix shonen Shogakugan, la plus prestigieuse distinction accordée aux mangakas, en 2002. Elle avait déjà été récompensée par ce prix en 1980, pour le manga de science-fiction Urusei Yatsura (Glénat), adapté en série animée sous le titre de Lamu.
Rinne, sa dernière œuvre majeure, s’est terminée en 2017 après 40 tomes. En France, la série est publiée chez Kazé manga depuis 2010 (distinguée par le Prix DLire-Canal BD 2011 catégorie manga). Le 25e tome est paru en novembre.
Le Grand prix FIBD vient accompagner une tendance de fond à Angoulême où la bande dessinée japonaise prend de plus en plus d'espace. Après l'accueil en grandes pompes du maitre du suspens Naoki Urasawa (20th Century Boys, Pluto) en 2018, deux mangakas bénéficient cette année d'un coup de projecteur : Taiyo Matsumoto (Amer Béton, Ping Pong, Sunny) bénéficie d'une rétrospective au Musée d'Angoulême sur la thématique de l'enfance, tandis que Tsutomu Nihei (Blame!, Knights of Sidonia), sera quant à lui exposé à l'espace Franquin.
Rumiko Takahashi devient la deuxième femme à être récompensée du Grand prix FIBD en 46 éditions- Photo GLÉNAT - SHOGAKUKAN - RUMIKO TAKAHASHI
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