Roman/Canada 22 août Miriam Toews

Le Diable humain

Miriam Toews - Photo Carol loewen/Buchet-Chastel

Le Diable humain

Miriam Toews s'inspire d'un fait divers pour pointer des crimes envers des femmes marginalisées.

Par Kerenn Elkaim
Créé le 06.06.2019 à 22h02

« Je venais d'une partie du monde qui avait été fondée pour être un monde en soi. » Issue de la communauté mennonite de Manitoba, Miriam Toews la restitue dans ses romans. Ici, elle décrit de multiples agressions envers des femmes, entre 2005 et 2009. S'immergeant dans ces événements, ce livre se veut « une réaction exprimée par le truchement de la fiction, et un acte d'imagination féminine. » August Epp est chargé du procès-verbal. Sa famille faisait autrefois partie du clan, mais elle a été excommuniée. Aussi se reconnaît-il dans ces victimes rejetées.

« Nous sommes des femmes sans voix. Nous sommes des femmes en dehors du temps et de l'espace. Nous sommes des mennonites apatrides » et analphabètes. Voilà pourquoi Epp retranscrit leur parole, qui se libère peu à peu. Réunis dans un grenier, huit personnages de tous âges évoquent leur calvaire. Telles les sorcières de Mona Chollet, elles ont été accusées d'être possédées. Comment expliquer autrement les bleus et les traces de viols sur leurs corps ? Il a fallu le courage de leur témoignage pour pointer le Diable humain. « Nous avons l'obligation de rééduquer nos garçons et nos hommes. C'est seulement à cette condition que nous pourrons observer le pacifisme. »

Miriam Toews
Ce qu’elles disent - Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin, Paul Gagné
Buchet-Chastel
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 19 euros ; 232 p.
ISBN: 9782283032480

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