Tout le monde écrit. Peu de gens écrivent vraiment. Et encore moins savent pourquoi. Il est question de tout cela dans ce récit autobiographique qui se déploie comme une carte de l’intime avec le passé familial, l’homosexualité et la crainte de mourir. Le narrateur envoie des textes à Max qui les refuse. Jusqu’au jour où ce personnage, derrière lequel on distingue le subtil J.-B. Pontalis, dit oui. C’est alors le début d’une amitié entre l’éditeur et le nouvel auteur, jusqu’à la mort du premier en 2013.
Patrick Autréaux offre un texte tout en nuances. On y trouve, confondues, la dense certitude du granit qui traduit l’inaltérable volonté d’écrire et la fragilité de l’esprit et du corps. Dans ce cheminement entre médecine et écriture, l’auteur fait référence à Annie Ernaux, mais aussi à Thérèse de Lisieux, laissant entendre que la dimension mystique n’est jamais éloignée chez lui lorsqu’il s’agit de traduire par le silence sa vie en mots.
Comme dans les sfumatos de Léonard de Vinci, Max apporte le vaporeux dans cette relation. Il témoigne de son affection pour cet écrivain qui a abandonné la psychiatrie d’urgence pour se consacrer à l’écriture. Il lui dit aussi que les livres nous analysent autant que nous les analysons.
Ecrire n’est jamais très loin de la maladie. On écrit pour se soigner, mais de quoi ? Patrick Autréaux, médecin, malade et écrivain, poursuit son œuvre avec régularité depuis Dans la vallée des larmes (Gallimard, 2009). Dans la recherche de cette Voix écrite, il nous apprend au moins une chose. On écrit aussi pour ne pas dissiper les malentendus. L. L.