Un jeudi d’automne, à la tombée de la nuit, Hughes, clerc de notaire de son état, peste comme un beau diable contre son GPS. Le héros de Pierric Guittaut a passé une sale journée. Il y a d’abord eu l’accident sur l’autoroute, des kilomètres de bouchon, un orage qui a bien plombé sa moyenne. Ancien joueur de rugby qui a tourné le dos au monde de l’ovalie, Hughes vient de Nantes où son mariage avec Nathalie bat sérieusement de l’aile.
Représentant son patron, maître Desbarres, il a été mandaté pour contacter un certain monsieur Pascal Martin, ancien militaire, dans le cadre du règlement d’une succession. Sauf que pour l’heure, le voici perdu en pleine campagne, arrêté sur le bas-côté d’une route avec une antique automobile qui refuse obstinément de redémarrer. Sur cette route, il va croiser une jeune femme rousse et charnelle, trempée jusqu’au cou, qui disparaît à travers bois à peine aperçue.
Le clerc va heureusement être recueilli par une famille d’agriculteurs, dans une ferme aux grosses pierres usées et se retrouver hébergé chez les Girard. Il y a là l’oncle, Hippolyte ; la mère, Virginie ; et le fils, Sébastien. Des êtres « avares de paroles et de gestes » qui le requinquent avec de la soupe et de la gnôle maison.
Pour ses débuts dans la « Série noire », l’auteur de Beyrouth-sur-Loire (éditions Papier libre, 2010) propose une plongée saisissante dans les terres. Il entraîne le lecteur dans une région où l’on chasse le cochon et le sanglier. Dans un monde rural, avec ses sournois et ses taiseux, où il est difficile ne pas remarquer les atours de Mélanie, boulangère aux services tarifés, et de Morgane, « gamine » qui brûle d’emblée les rétines et remue les tripes de Hughes. Celui-ci va devoir composer avec des rancœurs tenaces et des malédictions ancestrales de la région, avec les secrets enfouis et les cadavres dans les placards… Al. F.