Pour s’échapper de l’actualité pesante de ces derniers mois liée à la pandémie de Covid-19, les auteurs font appel à l’imaginaire. Littérature blanche, science-fiction ou thriller technologique, Livres Hebdo a sélectionné quelques titres sur le sujet.
Une touche de magie
Au temps des requins et des sauveurs, de Kawai Strong Washburn, traduit de l’anglais par Charles Recoursé (Gallimard, 26 août)
Hawaï, 1995. Au cours d’une balade en mer, le petit Nainoa bascule par-dessus bord. Il est encerclé par une bande de requins blancs mais, contre toute attente, un des requins le ramène délicatement à sa mère. La famille prend ce sauvetage pour un signe des dieux tandis que l’enfant développe des capacités de guérisseur.
Le parfum des cendres, de Marie Mangez (Finitude, 19 août)
Embaumeur, Sylvain Bragonnard a le don de cerner les personnalités, celles des vivants comme celles de morts, grâce à leurs odeurs. Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde, curieuse impénitente, qui veut percer le mystère de cet homme bourru et taiseux. Peu à peu, elle l’apprivoise et comprend ce qu’il cache.
Marie Mangez - Photo SANDRINE CELLARD
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Un corps tropical, de Philippe Marczewski (Inculte-Dernière marge, 25 août)
Dans une ville du nord, un homme plonge dans une piscine à vagues d’un parc tropical activant ainsi tout un imaginaire exotique. Plus tard, alors qu’il accepte de livrer un colis à Madrid pour le compte d’une cliente énigmatique, l’illusion de dépaysement se poursuit. Mais rapidement, il perd le contrôle.
Tu aimeras ce que tu as tué, de Kevin Lambert (Le Nouvel Attila, 10 septembre)
À Chicoutimi, nombre d’enfants connaissent des fins tragiques : viols, accidents ou meurtres violents. Mais la plupart ressuscitent et prennent ainsi leur vengeance. Faldistoire mène la danse des ressuscités et détourne du droit chemin son ami Almanach, en organisant des rodéos de la mort dans son quartier.
Avant les années terribles, de Victor del Arbol, roman traduit de l’espagnol par Claude Bleton (Actes Sud, 1er septembre)
Dans une Afrique où règnent la magie et la superstition, l’épopée tragique d’un enfant soldat, à la fois victime et bourreau, innocent et coupable. Une plongée dans les ténèbres du cœur de Joseph Kony, le sorcier du Nil.
Notre part de nuit, de Mariana Enriquez (Éditions du sous-sol, 19 août)
Gaspar, un petit garçon dont la mère a disparu dans des circonstances étranges, a hérité d’un don qui le destine, comme son père, à faire office de médium pour une obscure société secrète dont l’objectif est de percer les secrets de la vie éternelle. Ensemble, Gaspar et son père prennent la route, traversant le Londres psychédélique des années 1970 et l’Argentine des années 1980 sous la dictature.
Apprendre à se noyer, de Jeremy Robert Johnson (Cherche Midi, 26 août)
En Amérique du Sud, un père emmène son fils pêcher sur un fleuve au cœur de la jungle et l’autorise pour la première fois à s’aventurer au milieu des eaux riches mais dangereuses. L’enfant disparaît brusquement. L’homme se lance à sa recherche et arrive sur une terre hostile, peuplée de chamans et de sorciers.
Ta-Nehisi Coates- Photo CC/EDUARDO MONTES-BRADLEY
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La danse de l’eau, de Ta-Nehisi Coates, traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Demarty (Fayard, 18 août)
Né esclave en Virginie, le jeune Hiram Walker a été dépouillé des souvenirs qu’il avait de sa mère le jour où celle-ci a été vendue, ne gardant d’elle qu’un mystérieux pouvoir capable de lui sauver la vie. Tandis qu’il s’enrôle dans la guerre clandestine opposant les maîtres aux esclaves, son périple le mène des plantations du sud des États-Unis jusqu’aux grands espaces du Nord.
Des mondes parallèles
Téké, de Mika Biermann (Anacharsis, 19 août)
Une entité cosmique invisible et inaudible découvre qu’elle souffre et appelle au secours. Un commando de jouets mutants surentraînés tente de la sauver, en vain. Les affres de cette entité et le parcours des héros sont racontés au travers de 130 récits formant ce roman métaphysique et kaléidoscopique. Chacun reflète les angoisses, les joies, les douleurs et la solitude des humains dans l’Univers.
Rêvoir, d’Hélène Cixous (Gallimard, 7 octobre)
À travers la technique du rêvoir, qui permet de retrouver des personnes perdues de vue depuis de longues années en ayant recours à une forme de rêverie, l’auteure évoque le spectre du temps et les difficultés à renouer avec le passé, convoquant des motifs mythologiques notamment empruntés à Homère.
Plasmas, de Céline Minard (Rivages, 18 août)
Un roman qui plonge dans un univers singulier où des acrobates effectuent des mesures sensorielles dans un monde post-humain, où un parallélépipède d’aluminium tombe des étoiles et du futur à travers un couloir du temps et où un monstre génétique est créé dans une écurie sibérienne.
Céline Minard- Photo ELIZABETH CARECCHIO
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Les indécis, d’Alex Daunel (Archipel, 26 août)
Après un accident qui lui a coûté la vie, Max retrouve dans l’au-delà Mme Schmidt, sa défunte professeure de français, qui lui explique qu’il se trouve à l’Inspiratoire. Il lui faut opter pour un genre littéraire afin d’inspirer un auteur sur Terre qui fera de lui un personnage littéraire. Max n’a que vingt-quatre heures pour prendre la décision la plus importante de sa seconde vie.
Styx, de Bruno Krebs (L’atelier contemporain, 17 septembre)
Le narrateur est entraîné dans un grand voyage incessant par ses défunts aïeux, entre l’Angleterre, l’Écosse et la Bretagne.
L’ordre des choses, de Bruno Remaury (Corti, 26 août)
Fait de fragments mêlant personnages réels et fictionnels, ce roman esquisse l’évolution du rapport de l’homme aux choses, passé en quelques siècles d’une vision qui le reliait à ce qui l’entoure à un ordre séparé. S’y croisent un chasseur du siècle des lumières, Daniel Defoe et Robinson Crusoé, un enfant, une comtesse, des encyclopédistes, une fille sauvage, l’empereur Tibère et Piero di Cosimo.
Gaëlle Pingault- Photo ASTRID DI CROLLALANZA
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Attends-moi le monde, de Gaëlle Pingault (Eyrolles, 2 septembre)
Lorsqu’elle gagne à une tombola une année sans mois de novembre, Camille doit accepter de perdre ses repères et de se laisser porter par l’étrangeté. Durant ce mois de non-novembre, tandis qu’autour d’elle le monde continue son manège habituel, un étrange temps suspendu l’invite à emprunter des chemins inexplorés d’où jaillit peu à peu la compréhension de sa propre histoire.
Du cinéma dans le réel
Ce que l’on sait de Max Toppard, de Nicolas d’Estienne d’Orves (Albin Michel, 18 août)
Caroline est à la recherche de Max Toppard, un cinéaste inconnu. À la manière du personnage de Cécilia dans le film La rose pourpre du Caire, de Woody Allen, Caroline mêle la réalité et le cinéma.
Dans les oiseaux, de Xavier Lapeyroux (Anne Carrière, 20 août)
Milan doit se rendre à l’évidence : il y a un lien entre les attaques de corbeaux qui frappent Paris, les cours de cinéma qu’il donne sur Hitchcock et la mort de son épouse, Suzanne, dans les mêmes circonstances que l’institutrice des Oiseaux. C’est comme si la fiction avait ouvert une porte sur le réel. Milan décide de l’emprunter en sens inverse pour entrer dans le film et retrouver Suzanne.
Plongée dans un futur technologique
La fabrique des souvenirs, de Clélia Renucci (Albin Michel, 18 août)
Dans un monde où les mémoires se numérisent et sont vendues aux enchères via une nouvelle application, Gabriel, un programmateur de radio dilettante et romantique, tombe amoureux d’une spectatrice en assistant au souvenir d’une représentation de Phèdre datée de 1942. Voulant découvrir son identité, il s’immerge dans les Années folles et découvre qu’il s’agit d’une célèbre violoncelliste.
Klara et le soleil, de Kazuo Ishiguro, traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch (Gallimard, 19 août)
Klara est un robot ultraperformant, créé pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Elle est exposée dans la vitrine d’un magasin d’où elle observe les passants en attendant d’être choisie. L’occasion se présente enfin mais l’humanoïde pourrait déchanter.
Kazuo Ishiguro- Photo DR
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Le serment du dernier messager, de Souad Jamaï (Eddif, 1er août)
Yélif, un jeune chirurgien, enquête sur les pratiques anormales qui se déroulent dans l’hôpital où il exerce. Il est aidé par Ali, un vieux médecin, et Azel, une consœur dont il ne tarde pas à se rapprocher. Ils sont les témoins d’une société qui se transforme à une allure inquiétante, dans laquelle la technicité l’emporte sur l’humain.
Les rêveurs définitifs, de Camille de Peretti (Calmann-Lévy, 18 août)
Emma est traductrice. Elle accepte un nouveau travail chez Kiwi, un géant du web qui veut développer un logiciel de traduction infaillible, ce qui rendrait son métier inutile. Son fils Quentin, quant à lui, vit des aventures extraordinaires dans les jeux vidéo, jusqu’au jour où il est contacté par une mystérieuse organisation qui veut s’attaquer à Kiwi.
Annie Ernaux, Jean-Marie Gustave Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, rejoints par d’autres écrivains parmi lesquels Salman Rushdie et Roberto Saviano, demandent dans une tribune parue dans Le Point la « libération immédiate » de Boualem Sansal après l’annonce de son arrestation en Algérie. Trente écrivains lauréats du Grand prix du roman de l'Académie française se mobilisent également dans une tribune publiée dans Le Figaro.
Dans les médias cette semaine, la Grande Librairie consacre une émission spéciale à la lecture pour les enfants à l'occasion des 40 ans du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, en compagnie notamment de Daniel Pennac. Sur France Inter, Eva Bester reçoit Paul Audi pour Tenir tête (Stock), prix Femina de l’essai 2024.
Interpellé en Algérie le 16 novembre dernier à son retour de France, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal n’a plus donné de nouvelles depuis cette date. Ses éditeurs Gallimard et Cerf font part de leur vive inquiétude. Dans un communiqué, Gallimard appelle à sa « libération immédiate ».
Par
Charles Knappek
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