4 octobre > Jeunesse France > Marcus Malte et Régis Lejonc

Peu importe la couleur des yeux de la petite fille qui va naître, "peu importe qu’ils soient verts, ronds et ouverts comme des feuilles de nénuphars", elle sera sa princesse. Qui déclare ainsi son amour ? On ne le saura qu’à la fin… L’auteur de ce long poème d’amour ne ménage ni ses vers ni sa flamme. Il est prêt à tout pour encenser la future petite fille, donner tout son or et tout son argent, lui construire un palais qui ne sera autre que son cœur et où aucune des pendules ne comptera ses heures, chasser ogres, ogresses et sorcières, ouste, du balai !, lui inventer des prairies avec de la rosée au petit matin, des arbres pour grimper dedans et bien d’autres choses merveilleuses. Il ne sera pourtant ni son prince charmant, ni son roi, "encore moins un des sept nains, il ne manquerait plus que ça", il sera tout ça à la fois car il sera son… papa.

Pauvre petite fille adulée qui, même pas encore de ce monde, doit déjà étouffer sous l’écrasante charge d’amour exclusif de son daron, se dit-on. C’est sans tenir compte de l’humour de cet album signé par Marcus Malte qui, à la dernière page, libère la princesse tant aimée et la juche sur un fier lion, comme si elle était déjà en route vers sa destinée.

Les illustrations de Régis Lejonc font elles aussi souffler un vent léger sur la cage dorée de cet amour œdipien. Bourrées de détails rigolos, mêlant les personnages de contes de fées, brouillant à souhait les codes, elles apportent frivolité et fantaisie à cette déclaration boursouflée. Mention spéciale pour la couverture : une princesse qui porte des lunettes, c’est du jamais-vu.

Fabienne Jacob

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