Édito par Christine Ferrand, rédactrice en chef

"C’est la force d’un livre : il cristallise l’époque" : dans la lettre qu’il a envoyée mardi 16 septembre en exclusivité à Livres Hebdo et que nous avons publiée sur Livreshebdo.fr, Laurent Beccaria résume un effet collatéral, et plutôt positif, de "l’affaire Trierweiler" : à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, c’est un livre tout à fait traditionnel qui met le feu aux poudres.

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On peut déplorer que ce soit celui-là. Mais il témoigne surtout de la place qu’occupent les livres dans cette rentrée. Alors qu’on sait la lecture en recul, ils ont rarement eu autant d’audience. Aux côtés des romanciers, qui suscitent de belles empoignades, les hommes politiques ont eux aussi choisi la librairie pour livrer bataille, sans échéance électorale. Ainsi Cécile Duflot, bientôt rejointe par Delphine Batho, Bruno Le Maire et Hervé Mariton, en attendant que passent à l’acte Arnaud Montebourg et, vraisemblablement, Aquilino Morelle. "Quand je déciderai de m’exprimer, je le ferai à visage découvert et en assumant mes positions ou mes analyses", a récemment déclaré ce dernier. C’est-à-dire dans un livre, sans contradicteur. Car, pour les politiques et pour les "people", le livre a d’abord le mérite d’être entièrement sous le contrôle de son auteur. On peut même jusqu’au dernier moment le garder secret. Ou ne pas le publier si le vent tourne.

Au-delà, à l’heure où les bases jusqu’ici si stables des métiers du livre vacillent, l’ouvrage de Valérie Trierweiler oblige les professionnels à se poser les bonnes questions, comme en témoignent les commentaires postés sur notre site Livreshebdo.fr. Après que les libraires ont débattu pour savoir si refuser de vendre un titre est compatible avec leur métier, la lettre ouverte de Laurent Beccaria place la réflexion au sein des maisons d’édition. Le P-DG des Arènes apporte sa définition du travail d’un éditeur, qu’il oppose à celui de directeur de revue : "Un journal tisse une relation ininterrompue avec ses lecteurs et les textes de XXI doivent se justifier les uns par rapport aux autres. En revanche Les Arènes, comme toute maison d’édition, publie des textes différents, parfois contradictoires, dont les lecteurs ne sont jamais les mêmes. Un catalogue relève du pointillisme […]. C’est la liberté et la singularité qui priment." D’autres éditeurs ont d’autres définitions de leur catalogue. Le débat est lancé.

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