25 mars > Roman France

Tout est de la faute de Karl Lagerfeld. Si l’homme au catogan ne s’était pas adressé à cette grande entreprise new-yorkaise, créatrice de parfums, pour lui faire la commande aussi impérieuse que saugrenue d’un « jus » qui reproduirait l’odeur du sentiment amoureux, rien ne serait arrivé. La vie de Gilles, la trentaine discrètement élégante, chimiste français installé dans la « Big Apple », n’en aurait pas été bouleversée. Et ses fiançailles avec la belle Ina n’auraient pas été rompues, à la suite d’un voyage prénuptial désastreux dans une île des Bahamas. A la place de cette félicité brisée, voilà Gilles, et bientôt son amoureuse, quelque part en Chine, sur les traces d’une tribu juive qui depuis des millénaires conserverait le secret d’une fleur capable de faire naître l’amour… Cette enquête est aussi une quête, celle des origines du jeune homme, des fragments épars de son discours amoureux…

Caroline Bongrand- Photo ASTRID DI CROLLALANZA/ROBERT LAFFONT

Cette comédie sentimentale, fable identitaire légère aux accents paradoxalement parfois graves, c’est Trois définitions de l’amour, le septième roman de Caroline Bongrand, son premier depuis L’enfant du Bosphore (Robert Laffont, 2004). Ecrivaine, ayant placé ses premiers pas littéraires sous l’invocation de Romain Gary (Le souligneur, Stock, 1993), mais aussi journaliste (essentiellement de mode, elle a dirigé de longues années la rédaction de L’Officiel) et scénariste, Caroline Bongrand promène depuis plus de vingt ans sa fantaisie de livre en livre. On retrouve dans celui-là, quintessence de l’œuvre, toutes ses obsessions : le voyage en Amérique, la judaïté, le poids de l’Histoire, l’impossibilité du couple. C’est de la « chick-lit » à la française, l’intelligence et la sensualité en plus. O. M.


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