21 octobre > Histoire illustrée Japon

La fin d’un mythe

La cavalier vient de tirer une flèche. En selle, le corps de l'archer devait rester parfaitement immobile. - Photo P. Picquier/Compendium Publishing

La fin d’un mythe

Par l’un des meilleurs spécialistes japonais, Mitsuo Kure, l’histoire des samouraïs, exhaustive, technique et décapante.

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Par Jean-Claude Perrier
avec Créé le 10.10.2014 à 03h04

Pour le péquin occidental, les samouraïs sont ces valeureux guerriers célébrés et esthétisés dans les films de Kurosawa, certes impitoyables, mais fidèles jusqu’à la mort - laquelle, semble-t-il, n’avait à leurs yeux aucune importance, que ce soit la leur ou celle des autres - à leur code de l’honneur, le bushido, et au seigneur, daimyo ou shogun, à qui ils avaient juré allégeance. Mitsuo Kure, et c’est là l’un des points forts et l’une des grandes originalités de son livre, remet sérieusement en question cette image mythifiée.

A ses yeux, le bushido est seulement "une idéalisation de la mort", ou plutôt de "l’acte de tuer". Quant aux samouraïs, en ces siècles très troublés où l’histoire du Japon n’est qu’une suite de rivalités et de guerres sans merci entre grands féodaux rivaux et leurs vassaux pour la conquête de châteaux, de territoires, de provinces et du pouvoir suprême, l’auteur les présente comme de "simples tueurs" qui louent leur bras au plus offrant. Comme n’importe quels mercenaires. C’est l’empereur Meiji, en 1869, lors de ce qui ressemble à une révolution, qui a interdit le port des armes, et, de facto, supprimé la caste des samouraïs. Le tout pour le plus grand soulagement de populations, urbaine et surtout rurale, régulièrement prises en otage et victimes de conflits qui ne les concernaient pas, mais dont la sujétion était l’un des enjeux.

La "révolution Meiji", jugée trop inspirée par l’Occident, a suscité longtemps une résistance farouche de certains milieux traditionalistes, encore dans les années 1930 quand le régime, devenu farouchement militariste et observant à la lettre les principes du bu-shido, conduisit le Japon à la guerre et au désastre. Les kamikazes, sans doute, furent les derniers des samouraïs, ou encore le malheureux Yukio Mishima, immense écrivain mais fanatique aveuglé par le retour à cet ordre ancien idéal qui n’existait que dans ses fantasmes.

C’est tout cet "âge d’or" des samouraïs, soit sept siècles, que retrace Mitsuo Kure, non seulement avec érudition - conflits, équipements et batailles sont minutieusement reconstitués et montrés -, mais avec une vision nouvelle et moderne, qui ne cède plus rien au romantisme. J.-C. P.

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