Le sens aigu de la satire de Sam Lipsyte éclatait déjà dans l’épatant Douce Amérique (Calmann-Lévy, 2007). On retrouve toute l’énergie et toute la force narrative du New-Yorkais dans son nouveau roman, cette fois publié par Monsieur Toussaint Louverture. Milo Burke porte un regard direct sur son pays. A ses yeux, l’Amérique n’est plus qu’une "vieille mère maquerelle en fin de vie".
Le héros de Demande, et tu recevras n’est pas non plus très flamboyant. L’homme que l’on apprend ici à connaître a une quarantaine d’années. Voici un père de famille chauve et bedonnant qui habite à Astoria, dans le Queens, un quartier agréable. Milo est marié avec Maura. Une employée d’un bureau d’études marketing qui peut zapper à l’infini et se montre friande de "téléréalité et autres daubes télévisuelles". Le couple a un fils, Bernie, sacré garnement qui demande à son père si les super-héros ont un prépuce et qui le traite de "tapette" !
Monsieur travaille dans une université de seconde zone. Au département de prospection et de collecte de fonds, il est chargé de trouver le financement des programmes artistiques de la fac. Emploi qu’il va momentanément devoir quitter après avoir perdu son sang-froid devant une fille à papa qu’il a remise à sa place.
Un vieil ami à lui va lui permettre de se remettre en selle. Devenu un business man influent, Purdy a proposé de faire un don important si l’on réintégrait Milo. Un Milo qu’il charge d’une mission, celle de retrouver le fils qu’il s’est récemment découvert. Un jeune homme rentré en mauvais état de la guerre en Irak… Conteur mordant, Sam Lipsyte fonce à tout berzingue. Et entraîne le lecteur sur les traces d’un type qui force sur le Red Bull et les donuts, repense à ses erreurs de jeunesse et cherche à trouver un nouveau souffle. Al. F.