Muriel, qui fut autrefois voyageuse, grand reporter, peintre, une mère brillante, pas très présente mais vénérée par son fils Maxime (de son père, elle ne lui a jamais parlé), avait commencé, en dépit de son âge encore jeune, à perdre contact avec le monde. Alzheimer, cancer… Elle vient de mourir, à 60 ans, non loin de la bergerie près de Saint-Jean-de-Luz où elle s’était installée depuis longtemps, pour une raison qu’on apprendra vers la fin du roman, et que l’on ne dévoilera pas ici.
Maxime, 35 ans, chercheur en biologie moléculaire, qui avait suivi la lente dégradation de l’état de sa mère, descend s’occuper des obsèques. Seul. Elena, sa maîtresse plus âgée de douze ans, reste à Paris. Leur relation est en train de se déliter. Muriel a décidé d’être incinérée. Maxime se retrouve avec l’urne funéraire, sans savoir qu’en faire. Il décide, pour réfléchir, de faire faire à sa mère un dernier tour sur le marché de Saint-Jean-de-Luz, riche en étals de produits gourmands. Comme elle. N’a-t-elle pas conservé une bouteille d’Yquem de 1957, son année de naissance ?
Le garçon, dans son malheur, trouve une consolation : Maylis, la jeune infirmière qui a accompagné Muriel jusqu’au bout, et avec qui un lien filial s’est tissé. Ces deux-là sont faits l’un pour l’autre. Muriel l’avait prévu, presque combiné. C’est ce qu’elle raconte depuis l’au-delà et le cabas où ses cendres se baladent, puisqu’elle parle et commente les événements, avec humour.
C’est le privilège du romancier que d’améliorer la réalité, pour peu qu’il en fasse un bon livre. C’est le cas ici, avec cette Part des anges de Laurent Bénégui, pudique, sensible, riche en rebondissements, et, au final, hymne à la vie qui continue. J.-C. P.