PARIS

Signe de la dégradation du climat économique, la traditionnelle braderie des éditeurs d'art, qui a toujours un peu agacé les libraires, provoque cette année l'ire de la profession. "Pensez-vous qu'il soit opportun d'organiser, en direct du producteur au consommateur, une braderie de livres sur l'art trois semaines avant Noël ?" se demande Pierre Durieu de la librairie Mazarine. Créée il y a vingt ans par le ministère de la Culture pour permettre aux éditeurs publics de déstocker, elle se tient, le premier week-end de décembre, à l'Ecole des beaux-arts de Paris (ENSBA). Pascale Le Thorel, la directrice des éditions ENSBA, devenue en 2009 présidente du groupe Art du Syndicat national de l'édition, a milité pour ouvrir cette braderie aux éditeurs privés. Alors qu'elle est organisée par les éditeurs, eux-mêmes constitués en association, la proximité des organisateurs avec le SNE est symboliquement gênante. Le rendez-vous a pris de l'ampleur et attire les foules. A l'exception de Gallimard, Hazan ou Flammarion, les éditeurs du secteur qui y participent proposent, à moitié prix, des ouvrages épuisés ou défraîchis (des titres récents). "Tout en respectant la loi Lang, je refuse de pilonner des livres de référence", explique Pascale Le Thorel. "58 % du prix du livre passe dans la distribution. Avec la braderie, les étudiants qui n'ont pas les moyens d'acheter nos livres y ont accès", plaide Monelle Hayot. Cependant, le libraire Pierre Durieu s'inquiète : "Pensez-vous qu'il soit légal de voir figurer dans cette braderie des livres qui ont moins de deux ans ?" Au SLF, Guillaume Husson prévient : "Outre le problème de la vente directe, nous allons être attentifs au respect de la loi Lang, principalement sur la notion d'épuisé." Face à la polémique et en raison d'un problème de lieu - l'ENSBA n'est pas disponible cette année -, la tenue de la braderie n'est, pour le moment, pas assurée.

19.03 2015

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