La guerre des mondes, La machine à explorer le temps, L’île du docteur Moreau, parmi les titres les plus célèbres de Herbert George Wells, arriveront dans le domaine public au 1er janvier. Ils pourront être librement réédités, comme d’autres récits de l’écrivain britannique connu surtout pour ses romans de science-fiction. Si la version française des textes d’auteurs étrangers bénéficie souvent d’une durée de protection supplémentaire attachée aux droits du traducteur, ce n’est pas le cas cette fois : Henry D. Davray est décédé en 1944, deux ans avant H. G. Wells ; les 70 ans de propriété intellectuelle de la traduction sont aussi passés.
Cette fin de droits suscite quelques reprises dès le début de 2017, chez Larousse (La machine à explorer le temps en "Petits classiques"), Glénat pour des adaptations en BD, Le Livre qui parle pour des versions audio, Terre de brume pour une version luxe de l’édition de 1906 de La guerre des mondes (59 euros, 208 pages quadri). Mais l’arrivée dans le domaine public entraîne plutôt une baisse des prix : La machine à explorer le temps passe à 3 euros chez Larousse, contre 6,50 euros chez Gallimard qui en détenait les droits. La prescription scolaire assure 1 500 à 2 000 ventes annuelles pour ces titres.
Décédé le 21 avril 1946, l’économiste John Maynard Keynes est l’autre célébrité dont l’œuvre arrive dans le domaine public le 1er janvier, mais son traducteur principal en français, Jean de Largentaye, lui a survécu jusqu’en 1970. Pour le rééditer dès maintenant, il faudra donc le retraduire. Les Liens qui libèrent l’a fait pour un court texte afin de limiter les frais (Lettre à mes petits-enfants, 70 pages, 7 euros). Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, le texte le plus connu de l’économiste, est réédité chez Payot, qui en détient les droits.
Gertrude Stein ou encore Hermann von Keyserling, décédés aussi en 1946, peuvent éveiller quelques souvenirs, de même que le théoricien nazi Alfred Rosenberg, exécuté à Nuremberg, mais ce sont des auteurs étrangers à retraduire. Parmi les 44 auteurs français à la postérité incertaine figurant dans Electre et morts la même année, on relève le physicien Paul Langevin, qui a travaillé sur la relativité. Electre recense au total 95 auteurs disparus en 1946. La BNF, qui retient tous les auteurs ayant au moins une publication au dépôt légal, en compte 628 dans le monde entier.
Hervé Hugueny