Lauréats

Kevin Lambert et Christophe Siébert reçoivent le Prix Sade 2019

Kevin Lambert et Christophe Siebert

Kevin Lambert et Christophe Siébert reçoivent le Prix Sade 2019

Un homosexuel dominant et insatiable, un tueur en série imbécile et des complotistes idiots, ainsi qu'un inventeur aux fantasmes très érotiques ont été distingués par le Prix Sade cette année.

Par Vincy Thomas
Créé le 16.09.2019 à 16h40

Le jury du Prix Sade s’est réuni ce samedi 14 septembre 2019 pour choisir les finalistes et les lauréats. Le Prix Sade 2019 a été attribué à la majorité à deux romans: Querelle de Kévin Lambert (Le Nouvel Attila) et Métaphysique de la viande de Christophe Siébert (Au Diable Vauvert).

Premier roman édité en France lors de cette rentrée littéraire, Querelle: fiction syndicale est le récit d'un conflit social à Robertval dans la région québécoise du Saguenay, où un jeune homme du nom de Querelle, venant de Montréal, va troubler cette communauté en voie d'éclatement. Roman choral sur le déclassement et les drames humains qui y sont liés, le livre dépeint aussi la sexualité dominatrice de Querelle, sublime et solitaire homosexuel, sorte de fantasme pornographique que l'auteur décrit avec un langage aussi crû que réaliste. Entre vengeance anti-capitaliste, coups bas des élites et recherche de boucs émissaires, la plume du jeune écrivain québécois distille le mal-être de chacun, la sexualité libérée de certaines, frustrés des autres, tandis que des jeunes mâles de la région cherchent un moyen de s'vader, jusqu'à s'oublier, dans les bras de cet ouvrier avide de chair fraîche.

Querelle était en lice pour le prix littéraire du Monde. Il est sélectionné pour le prix Wepler-Fondation la Poste et pour le Médicis.

Publié en mars, Métaphysique de la viande réunit deux récits: Nuit noire et Paranoïa. Le premier retrace l'histoire d'un tueur en série, de son enfance à sa mort. Le second est celui d'une fin du monde dans lequel les personnages pensent découvrir un complot. Soit successivement la genèse et les fantasmes d’un tueur en série, et un polar de gare "nerveux et violent, entre récit de fin du monde et délire complotiste" influencé par Lovecraft ou Manchette.

Le roman transgressif ne contourne aucun fantasme et refuse le glamour lié au Mal absolu. L'écrivain décrit un tueur en série sans gloire, dangereux, et même stupide et une fin du monde qui fait perdre la raison aux personnage. Cette décérébration conduit à l'exploration horrifique de la partie la plus animale, instinctive de l'individu: les corps comme les tabous, et toutes ces sensations extrêmes très perturbantes, défiant la censure et les interdits.

Par ailleurs, le jury du Prix Sade a décerné un Prix Sade du livre d'art à Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes, paru en novembre 2018 à l'occasion de l'exposition au Petit Palais à Paris l'hiver dernier. Le catalogue, coédité par Norma et la BNF, présente l'oeuvre de l'architecte et du dessinateur Jean-Jacques Lequeu (1757-1826), célèbre pour ses monuments et ses fabriques imaginaires, incorporés dans des paysages d'invention et ornementés de visages grimaçants ou de détails d'anatomie dépeints sans complaisance. Dessinateur génial et fantasque, tombé dans l'oubli, toujours recalé pour des projets estimés fous ou déviants, l'inventeur s'inspirait de l’animal, l’organique, du fantasme et du sexe cru comme de l’autoportrait.
 
La sélection finale avant la révélation des lauréats comprenait :
  • Le Cul de la femme de Pierre Louÿs, édité par Alexandre Dupouy (La Manufacture des livres)
  • Jean-Jacques Lequeu, bâtisseur de fantasmes (Norma éditions)
  • Le Chant de la mutilation de Jason Hrivnak, traduit par Claro (Éditions de l’Ogre)
  • Métaphysique de la viande de Christophe Siébert (Au Diable Vauvert)
  • Laurent Benaïm (Taschen)
  • L’Encadrement des publications érotiques en France (1920-1970) d’Anne Urbain-Harcher (Garnier classiques)
  • Querelle de Kévin Lambert (Le Nouvel Attila)
  • Deux filles de leur père de Pierre Louÿs (Bartillat).

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