Depuis le début des années 2000, l'auteur américain Kevin Huizenga met en scène un héros récurrent, Glenn Glanges, dont on avait pu lire quelques histoires il y a une quinzaine d'années chez Vertige Graphic. Dans Le flot des souvenirs, récits pour la plupart inédits en français, on suit le jeune homme le temps d'un après-midi, et surtout au cours d'une nuit d'insomnie, où techniques de respiration et lectures ennuyeuses ne réussissent pas à l'endormir. Car les pensées de Glenn Ganges s'enchaînent sans répit, et, comme les chapitres de l'album, se télescopent, se dilatent ou se rétractent. Certaines, souvent absurdes et décrites en quelques cases, disparaissent aussi vite qu'elles ont surgi. D'autres sont davantage développées, comme les souvenirs que Glenn Ganges ressasse (les parties de jeux vidéo entre collègues, son job dans une start-up à la fin des années 1990, l'enterrement de la tante de sa compagne...). À travers cette introspection, Kevin Huizenga pointe les petits bonheurs et les soucis de la vie de couple, mais surtout, utilisant de nombreuses astuces graphiques, il livre une réflexion sur les différentes dimensions du temps. En se retournant sans cesse dans son lit, son personnage réfléchit aussi bien à l'âge de l'univers qu'à la gestion productiviste de l'immédiateté. Une plongée fascinante dans les méandres de l'esprit et de l'imagination, exprimée dans un style qui, avec bonheur, emprunte à Chris Ware son inventivité graphique, à Seth son rythme du récit, sa bichromie bleu-gris, son trait clair, et à l'Écossais Tom Gauld, ses thèmes de prédilection, la science et les livres.
Glenn Ganges dans le flot des souvenirs Traduit de l'anglais (États-Unis) par Samantha Goldfa
Delcourt
Tirage: 5 000 ex.
Prix: 29,95 € ; 216 p.
ISBN: 9782413038863