Du dénommé J.J. Murphy, on sait peu de choses. Cet Américain au sourire toujours avenant sur les quelques photos de lui traînant sur la Toile vivrait dans la banlieue de Philadelphie en compagnie de ses filles jumelles et aurait, préalablement à son entrée en littérature, publié des articles et ouvrages savants sur les politiques menées aux États-Unis en matière de santé publique. Il semblerait que l'homme soit également un admirateur forcené de la vie et l'œuvre de Dorothy Parker, ainsi d'ailleurs que des sortilèges toujours renouvelés du detective novel.
Aussi, unissant ses deux passions, a-t-il imaginé une série de romans policiers mettant en scène dans tout son humour et son désespoir alerte l'autrice de Comme une valse, ainsi que son aréopage de gais et désespérés compagnons de l'Algonquin Round Table, autour d'énigmes noires et si farfelues qu'elles pourraient être vraies. Au moins cinq volumes sont déjà parus outre-Atlantique avec un succès certain et deux en France, Le cercle des plumes assassines (Baker Street, 2015) et donc aujourd'hui, aux bons soins de Rivages noir, L'affaire de la belle évaporée.
Un soir de réveillon à New York, à l'hôtel Algonquin bien sûr, Douglas Fairbanks et Mary Pickford, le couple star de l'écran, organisent une grande fête. Parmi les convives, l'indispensable Dorothy Parker, son confrère Robert Benchley, mais aussi le célèbre créateur de Sherlock Holmes, Sir Arthur Conan Doyle. La fête ne se passera pas vraiment comme prévu. Alors que dans l'hôtel est décelé un cas de variole, un étrange médecin écossais place l'établissement en quarantaine. C'est durant celle-ci que sera retrouvé le corps, sans vie et plongé dans une baignoire remplie de champagne, d'une certaine Bibi Bibelot, affriolante showgirl. Bientôt, Dorothy Parker et Conan Doyle prennent en mains l'enquête...
On l'aura compris, c'est la fantaisie, et la fantaisie d'abord, alliée tout de même à une solide érudition, qui guide la plume de J.J. Murphy. Le romancier se tient sur la ligne de crête entre le vrai, le vraisemblable et le souhaitable. William Faulkner venait prêter main-forte à la caustique Dorothy dans le précédent roman, cette fois-ci c'est Conan Doyle et c'est tout aussi bienvenu. La mort est en habit de fête et n'est de toute façon jamais bien grave.
L'affaire de la belle évaporée Traduit de l'anglais (États-Unis) par Yves Sarda
Rivages
Tirage: 4 500 ex.
Prix: 10 € ; 432 p.
ISBN: 9782743657949