Avant- portrait

Should I stay or should I go ? Rester ou partir ? Tel est le dilemme de la chanson des Clash. Le tube punk aurait pu être le morceau fétiche du héros de Jérôme Colin, si ce n’est que le chauffeur de taxi d’Eviter les péages, lui, préfère Alain Bashung, dont les paroles extraites d’Osez Joséphine donnent le titre de ce premier roman. "Marcher sur l’eau/Eviter les péages/Jamais souffrir/Juste faire hennir/les chevaux du plaisir"… si seulement… Le narrateur, c’est tout le contraire : à 40 ans, il est marié depuis quinze ans, père de trois enfants et propriétaire d’une maison avec jardin en banlieue. "Je voulais passer au rouge, traverser la ligne continue, désobéir, exister, raconte-t-il. Mais en réalité, j’étais devenu un homme prudent. J’avais beau rêver, j’avais eu en échange une belle petite vie. Une très belle petite vie."

A l’instar de son alter ego fictif, Jérôme Colin, critique musical pour Moustique, "le Télérama belge", et animateur à la RTBF, sur les ondes et à la télé, conduit un vrai-faux taxi : le studio ambulant de "Hep taxi !", l’hebdomadaire où il joue le tacos ("sans les réflexions racistes") et interroge au volant du véhicule son invité. Salvatore Adamo, Benoît Poelvoorde, Marion Cotillard, moult célébrités ont pris son taxi. Il se souvient de moments intenses comme avec Charlotte Gainsbourg, juste après son AVC, qui devise sur la mort, ou hilarants en compagnie de Frédéric Mitterrand, écroulé de rire à l’idée que François Hollande, lui président, soit devenu cet improbable sex-symbol qui "les nique toutes".

Ruptures

Sa vie est faite de coups d’accélérateur et de ruptures ("tous les dix ans, je bazarde"). Né en 1974 à Namur, Jérôme Colin grandit dans une "famille d’ouvriers". Côté paternel, des mineurs de la région. Côté maternel, des grands-parents immigrés italiens. Son salut, les livres de la bibliothèque de Flawinne, son village, et les films : "Je brossais [séchais, en belge, NDLR] les cours pour aller au cinéma à Namur." Le fan de Tennessee Williams veut faire du théâtre. Direction Paris, cours Florent et piaule de "huit mètres carrés à Montparnasse". Jérôme adore les planches mais déteste les théâtreux.

A Bruxelles, cette fois, il reprend des études, s’oriente vers le journalisme et devient ce qu’il est devenu aujourd’hui. Mais quid de la vie, l’autre ? Il n’a pas attendu ses quarante printemps pour faire sa crise de la quarantaine. Continuer, retomber amoureux, tout larguer ? Réponse dans ce premier roman autofictif, avec bande-son de "musiciens qui jouent de la guitare et qui pleurent", "mes préférés", précise l’incurable mélancolique. Sean J. Rose

Jérôme Colin

Eviter les péages

Allary éditions

Prix : 17,90 €, 208 p.

sortie 7 mai

ISBN : 978-2-37073-057-2

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