Pour que la politique de l’Etat ne soit pas désolidarisée du territoire et que l’action publique soit pleinement pertinente, nous avons cherché à contractualiser avec tous les opérateurs étatiques de l’action culturelle, dont le Centre national du livre. Il en a été de même avec la Drac, qui nous a accordé une délégation de compétences. Une stratégie qui a porté ses fruits pour le livre puisqu’elle nous a notamment permis de soutenir le réseau des cafés-librairies, structurant pour la Bretagne, alors qu’un prisme trop métropolitain l’aurait sans doute menacé. Grâce à cette formule, le maintien de ces structures est assuré, ou celui de toute forme innovante de librairie qui ne manquera pas d’ailleurs de surgir.
Certes, les budgets ne sont jamais suffisants. Mais les besoins et les coûts de la filière sont inférieurs par rapport aux autres secteurs culturels, et notamment le cinéma. Pour autant, je constate que la filière livre se tient: une grande variété d’ouvrages sont produits en Bretagne et le réseau de librairies et de bibliothèques est dense. Certes, nos auteurs n’ont peut-être pas aujourd’hui la même notoriété qu’un Chateaubriand, mais de grands noms subsistent. De la même façon, nous n’avons pas un éditeur comme Actes Sud, mais il existe ici tout un tissu de maisons de taille moyenne. Et du côté de la langue bretonne, l’émergence d’une littérature en gallo, la langue de l’est de la Bretagne, est à saluer.
Alors que nous disposons d’une filière cinéma beaucoup plus structurée qu’ailleurs, et qui fait des envieux, celle du livre est, paradoxalement, une des moins organisées, c’est une réalité. Il y a eu des tentatives, mais beaucoup d’échecs, que je ne m’explique pas. Mais sur ce sujet, la politique du conseil régional est claire: nous ne voulons rien imposer. Ce qui vient du terrain, qui est validé par les acteurs et qui correspond à une volonté partagée, sera toujours plus pertinent et efficace que ce qui viendra d’en haut, de la Région. Par exemple, nous suivons de près ce qui se passe dans le pays de Lorient, où l’association de libraires, qui a atteint le maximum d’actions avec ses forces bénévoles, nous demande de l’aide pour créer un poste de permanent. Mais, pour pouvoir en bénéficier, l’association doit essaimer sur le territoire et gagner une emprise régionale.
Je la découvre. Pourtant, des aides existent en ce sens, notamment celles portant sur la participation à des salons extérieurs. Mais elles ne sont sans doute pas assez visibles. Je reconnais que nous avons un effort à faire sur la communication. Je suis prêt à échanger sur ces questions de fierté et de reconnaissance avec des éditeurs ou qui que ce soit d’autre tout aussi prêt à discuter de ce sujet. S’il le faut, nous ferons bouger les lignes.