Si l'expression roman culte a un sens, c'est pour des livres tels que celui-là. Un premier roman, écrit voici plus d'un siècle, en 1914 précisément, et qui demeura unique, de par la mort de son auteur, Jean de La Ville de Mirmont, à l'âge de 27 ans, tombé sur le Chemin des Dames. C'est l'histoire de Jean Dézert, employé de bureau rue Vaneau à Paris, nanti seulement de « la patience et la résignation de son âme, la modestie de ses désirs et la paresse triste de son imagination ». Un homme qui attend, sans savoir très bien quoi, peut-être simplement que tout cela finisse un jour...
Les dimanches de Jean Dézert est un texte fulgurant. De tristesse, de beauté, de tendre humanité et aussi de modernité. Il n'est pas interdit de citer les grands livres dépressifs d'Emmanuel Bove ou ceux d'Henri Calet. C'est ce texte que rééditent aujourd'hui, les éditions Finitude. Beau texte et beau livre aussi, puisque le dessinateur Christian Cailleaux s'est prêté avec fantaisie et élégance à l'exercice de l'illustration.
Comme le rappelle dans sa très sensible préface Marie Boizet, la mère de Jean de La Ville de Mirmont a dit un jour de son fils : « Avec une cruelle acuité il apercevait les travers, les petits ridicules de ceux qui, par leur banalité, leur inconsistant effacement, semblent n'être que des "figurants de la vie". Il en riait... pour ne pas en pleurer. » L'adieu aux larmes, encore.
Les dimanches de Jean Dézert
Finitude
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 23 € ; 132 p.
ISBN: 9782363391759