Franche déception, mardi dernier, pour la 3 ème Journée Tebaldo sur l’encre et le papier électronique. Autant la précédente journée, le 17 mars dernier, s’était révélée riche à tous points de vue, autant celle-ci ne fut qu’une pâle resucée de tout ce qu’on savait déjà sur le sujet. Avec quelques marronniers d’usage, comme ce couplet euphorique sur la Longue Traîne (concept plus mode, tu meurs : j’y reviendrai dans un prochain billet), ou le vertige du futur très haut débit pour tout le monde. La séance, cette fois, avait lieu dans les locaux du journal Les Echos , dont on sait qu’il ambitionne d’être le premier à lancer une édition sur papier électronique. Mais quant à l’état d’avancement exact du projet, les responsables du quotidien ont préféré jouer la discrétion. Même discrétion de la part de La Martinière : Emmanuel Schalit, le DG, annoncé au programme et qui devait lever un coin du voile sur les expérimentations envisagées par son groupe, s’est finalement inscrit aux abonnés absents. Quoi qu’il en soit des velléités des uns et des autres, dans la presse ou l’édition, de se lancer dans le grand bain de l’encre électronique, il leur faudra bien s’appuyer sur des supports physiques de lecture. Rappelons que c’est là, pour l’instant, que le bât blesse. Comme je l’ai expliqué dans un récent numéro de Livres Hebdo , le Reader de Sony patine dans les starting-blocks. Outre qu’il a pour l’instant été retoqué par Amazon et Barnes & Noble qui n’entendent pas le commercialiser (lot de consolation : il a trouvé refuge chez Borders), il serait surtout en bute, semble-t-il (on est réduits aux conjectures, Sony ne communiquant pas sur le sujet) à des problèmes de contenu. On nous l’a annoncé, mardi, comme devant arriver sur le marché français en septembre prochain. Honnêtement, l’information me semble plus qu’hasardeuse : à cette date, il n’est même pas encore sûr que le Reader soit en vente aux Etats-Unis (aux dernières nouvelles, il est annoncé là-bas pour la fin de l’été). Quant à l’Iliad, l’e-book d’iRex (une filiale de Philips), il est surtout conçu comme un PDA, à destination d’un public de cadres (son prix, du reste, devrait même le destiner plutôt aux cadres supérieurs…). Voilà pour les deux seuls modèles les plus avancés à l’heure actuelle. Les Chinois pourraient, c’est vrai, surprendre leur monde en livrant massivement une tablette de lecture bon marché fonctionnant à l’encre électronique. La vérité, c’est qu’il paraît peu probable, pour le marché français du moins, qu’il se passe grand-chose d’ici la fin de cette année. On en restera donc, comme Nicolas et Ségolène, à l’horizon 2007. Non, finalement, la seule information que j’ai retenue de ce mardi, et qui pour le coup est consternante, c’est que Wikipédia va descendre sur les iPods (aux Etats-Unis, en tout cas, pour commencer). Sachant que Wikipédia est à l’encyclopédisme ce que Rika Zaraï est à la médecine, on ne peut que se désoler de voir cette pseudo aventure intellectuelle s’ériger, peu à peu, en outil de référence. Accessoirement, on notera qu’iTunes commence à balayer tous azimuts pour élargir son offre. D’abord la musique, ensuite les séries télé, demain les « stars ». C’est l’hebdomadaire Variety , la « bible » du show-bizz américain, qui révélait dans son édition du 19 juin qu’Apple était en négociations avancées avec tous les grands studios américains pour vendre des films sur iTunes avant les fêtes de fin d’années (les discussions achopperaient « seulement » sur le tarif unique de téléchargement que souhaite imposer Apple : 9,99$ par film…). Cette histoire montre bien que la vraie grande bataille qui s’annonce à court terme, sera celle du contenu. Et c’est là que le livre aura sa chance. J’y reviendrai la semaine prochaine.