Le narrateur de Nicolas Fargues est un écrivain de 43 ans "en voie d'anonymisation définitive". Après avoir publié deux romans intitulés Parasoleil et La règle de Troie, il subit une panne d'inspiration. Alors qu'il s'apprête à quitter Paris pour Pondichéry avec sa valise Delsey et un exemplaire de Bag of bones de Stephen King, il s'est décidé à organiser un dernier dîner et s'est rendu pour cela au centre d'achat de la banlieue voisine. Autour de la table, dans l'appartement du XXe arrondissement, on trouve ses deux enfants : Stanley, 19 ans, "parfait petit con d'époque", et sa soeur, Rita, sujette depuis l'adolescence à "des troubles de conduite alimentaire". Parmi les invités, il y a également Maude, la petite amie de Stanley au visage "aviaire", flanquée de son chétif yorkshire. Dorothée, sa voisine de palier et maîtresse occasionnelle, ne s'est pas douchée après son cours de yoga. Sylvain, son frère cadet, fonctionnaire "pataud mais pas méchant", est pacsé quant à lui depuis peu avec une certaine Hidaya qui vient de Mayotte.
Le lecteur accompagne ensuite l'écrivain durant son état des lieux avec l'agent immobilier qui lui vante les mérites du Taj Mahal. Lors de son escale chez son éditeur, Vadel, il comprend en un coup d'oeil qu'il ne constitue plus une priorité pour la maison. Le narrateur de Fargues n'a manifestement pas envie d'économiser 60 euros de taxi et que son frère l'accompagne à l'aéroport. Il est même prêt à débourser 99 euros supplémentaires pour une chambre d'hôtel à l'Ibis de Roissy plutôt que de dormir chez ses parents...
Arrivé à Pondichéry, le ton change, le regard aussi. Mais l'éclaircie ne dure pas longtemps. Les tracas reprennent vite, l'acidité revient, le fiel se déverse à nouveau... Nicolas Fargues, on le sait, écrit des romans inconfortables et grinçants où il porte un regard ironique sur le monde moderne. Drôle et désagréable, La ligne de courtoisie brosse le terrible portrait d'un homme au bord de la crise de nerfs.