"C’était bien à une redistribution verticale des trois classes traditionnelles que la tour avait d’ores et déjà procédé" écrivait J.G. Ballard dans I.G.H., traduit par Robert Louit et publié chez Calmann-Lévy en 1976, dont High Rise est l’adaptation. Dans une tour de 40 étages en béton tout juste achevée par un architecte aux intentions utopiques, le docteur Robert Laing (Tom Hiddleston) s’installe pour se complaire dans l’anonymat. Malheureusement, les dissensions entre voisins, les familles des premiers étages et les bourgeois des derniers niveaux, vont se transformer en guerre de tranchée où l’élite et le peuple y laisseront leur âme tout autant que leur peau.
Surtout, la dystopie cauchemardesque rédigée il y a quarante ans est devenue un reflet assez réaliste de la société contemporaine. Le cinéaste rappelle que J.G. Ballard "avait prédit que la dépendance à la technologie créerait de gros changements dans nos comportements et nos façons de penser comme d’agir. Il défendait l'idée que les gens se comportaient comme des machines et se définissaient par leur travail, qu'ils érigeaient autour d'eux toutes sortes de protections et refusaient d'avoir des liens personnels si ce n’est avec la technologie et les choses matérielles."
Le roman de J.G. Ballard est disponible en version imprimée et numérique chez Folio dans La Trilogie de béton, qui comprend aussi Crash ! (adapté au cinéma par David Cronenberg) et L’île de béton. Curieusement l’auteur a été rarement adapté au cinéma. Steven Spielberg avait transposé L’Empire du Soleil, Jonathan Weiss La foire aux atrocités et Solveig Nordlund Appareil volant à basse altitude.