Comme chaque année, Amélie Nothomb revient avec un nouveau crû. Soif, paru chez Albin Michel le 21 août, s'est installé en tête des ventes de livres selon le dernier classement GFK/Livres Hebdo, avec un cumul frôlant déjà les 40000 exemplaires.
Cette fois-ci, l'écrivaine belge nous ramène à l'aube de notre ère, durant les derniers moments de la vie de Jésus, tourmenté par quelques démons. Impassible face aux ingrats qu'il a guéris ou sauvés lors de son procès orchestré par Pilate, il se remémore les simples plaisirs de la vie tout en acceptant docilement son destin. Le Christ est seul, que ce soit au tribunal, dans sa cellule, ou sur la croix. Il a le temps de réfléchir, de reconnaître ses erreurs et de se souvenir de Marie, de Marie-Madeleine, de Judas et des autres apôtres.
Malgré son style en apparence léger, son cabinet de curiosités sémantiques (tel hypnagogique) et quelques digressions caustiques déconstruisant les mythes bibliques, Amélie Nothomb ne blasphème jamais. Soif est la révélation sérieuse de sa foi: "la foi est une attitude et non un contrat" écrit-elle. S'interrogeant sur l'humain comme sur la vie, l'écrivaine belge désincarne son "héros" pour chercher les solutions à nos maux et dissiper d'éternels mystères par les mots . Après tout, "l'énigme du mal n'est rien comparé à celle de la médiocrité" lit-on. Et c'est bien cet homme capable d'un amour sans retour, trahit logiquement par les siens, qui la fascine, tandis qu'elle s'amuse à se moquer des misérables et faibles êtres qui le vénéreront.
Grand prix du roman de l'Académie française en 1999 pour Stupeur et Tremblements et Prix de Flore en 2007 pour Ni d'Eve, ni d'Adam, ses deux romans les plus nippons, Amélie Nothomb n'avait pas été retenue dans la première liste du Goncourt depuis Une forme de vie en 2010! Ni d'Eve, ni d'Adam, Biographie de la faim (2004) et Stupeur et tremblements avaient été poussés jusqu'à la deuxième sélection.