Le livre en 2030

Gilles Pécout : « La BnF doit accompagner un mouvement de démocratisation des savoirs et de la culture »

Gilles Pécout en 2018, alors recteur de l'académie de Paris - Photo THOMAS SAMSON / AFP

Gilles Pécout : « La BnF doit accompagner un mouvement de démocratisation des savoirs et de la culture »

LH Le Magazine a cinq ans, en septembre. L'occasion pour la rédaction de Livres Hebdo d'interroger un large panel d'acteurs du monde du livre et de leur demander comment ils l'imaginent dans cinq ans. Aujourd'hui Gilles Pécout, président de la Bibliothèque nationale de France.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 03.09.2025 à 12h34

Alors que Livres Hebdo célèbre en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.

Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui retour vers 2030 avec Gilles Pécout, président de la BnF :

« La BnF doit encore affirmer son rôle de gisement et de vecteur pour la francophonie »

« La caractéristique de notre bibliothèque, depuis les XVIIIe et XIXe siècles, est de conjuguer tradition et modernité. Je suis arrivé à la tête de la BnF alors que venaient d’être achevés les superbes travaux de restauration du site Richelieu. Dès lors, un autre grand chantier s’ouvrait à nous.

Alors que le beau site François-Mitterrand, dont nous avons célébré le trentième anniversaire, arrive bientôt à saturation, il faut construire et ouvrir en 2029 l’immense pôle de conservation d’Amiens avec un dispositif très moderne – dont la première halle de conservation bibliothécaire sous oxygène raréfié en France – pour accueillir des collections venues de tous les départements ainsi qu’un centre spécialisé autour de la presse historique, dit Conservatoire national de la presse. La BnF conserve, en raison de l’ancienneté de son dépôt légal, le plus important ensemble de données francophones au monde.

« Des alliances bilatérales avec tous les pays, même non francophones »

Elle doit encore affirmer ce rôle, à la fois de gisement et de vecteur pour la francophonie, à travers deux principaux types d’actions : des alliances bilatérales avec tous les pays, même non francophones, incluant de façon systématique une valorisation et une diffusion des corpus francophones dans les bibliothèques et les institutions culturelles et universitaires ; une action multilatérale résolue au sein de la gouvernance du Réseau francophone numérique (RFN), en contribuant à l’élaboration de plateformes numériques francophones y compris pour entraîner l’IA générative en français. Grâce à la salle Ovale ouverte à tous, nous avons diversifié nos publics, ce qui est déjà bien.

Il nous faut maintenant accompagner un vrai mouvement de démocratisation des savoirs et de la culture : par des liens accrus avec les publics scolaires des zones socialement défavorisées (REP), avec les associations de lutte contre la pauvreté comme ATD Quart Monde, dont j’ai tenu à accueillir l’assemblée générale à la BnF – c’était la première fois –, et avec les étudiants et jeunes chercheurs en condition de précarité. La dynamique sociale globale passe aussi par la démocratisation d’accès aux lieux de la recherche. »

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