« Je rassemble mon courage, pour vous interroger sur la vie - ce grain de raisin irisé, dîtes-vous -, sur le destin, l'amour, les femmes, sur l'amitié, la guerre aussi, qui nous frappe, et sur quoi vous avez tellement réfléchi et tant écrit. / Je rassemble mes forces, mon stylo court sur la feuille. À demain. » Ainsi s'achève la première missive de Geneviève Brisac à Virginia Woolf. Dix autres s'ensuivent, qui composent cette correspondance adressée par l'écrivaine française lauréate du prix Femina 1996 pour Week-end de chasse à la mère à l'autrice de Mrs Dalloway, immarcescible icône du féminisme. À l'amie des sombres temps est une apologie de cette géniale femme de lettres anglaise, tour à tour vilipendée pour son égocentrisme, traitée de folle, taxée de frigidité... qui a essuyé ces fourbes attaques psychologisantes et personnelles censées dénigrer son art et masquant mal la misogynie foncière de ses détracteurs. Rien ici de grandiloquent, l'exercice d'admiration épouse le style épistolaire qui est celui de l'échange intime comme le mouvement ondulatoire propre à l'esthétique woolfienne faite de réflexions, d'observations, de souvenirs au tamis d'une intelligence à la fois sensuelle et aiguë. Ces lettres dessinent à travers des anecdotes et des passages de l'œuvre un portrait vivant de l'écrivaine anglaise. Convoquant ses proches, son époux Leonard, son neveu Quentin Bell, fils de sa sœur peintre Vanessa, évoquant ses rapports avec E. M. Forster ou T. S. Eliot, Geneviève Brisac rend présente l'absente et révèle ainsi, en filigrane, sa nature germaine de celle de l'amie qui « [lui a] sauvé la vie ».
À l'amie des sombres temps. Lettre à Virginia Woolf
NIL
Tirage: 4 000 ex.
Prix: 16,90 € ; 128 p.
ISBN: 9782378911041