Ecrivain protéiforme et éclectique, Eric Tellenne s’est lancé dans une entreprise littéraire hors mode : raconter, sous forme de courts chapitres, la saga du romantisme français, qui a bouleversé la littérature mondiale. Pour ce faire, il suit un déroulé chronologique, d’une Révolution à l’autre. De 1793, quand Charles Nodier enfant, à Besançon, assiste à la fête de la Raison avec son père, Antoine, maire de la ville et ami de Robespierre, à décembre 1848, quand Alphonse de Lamartine, ci-devant aristocrate royaliste, auteur illustre des Girondins, est écrasé à l’élection présidentielle par Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III. Score sans appel : 17 000 voix contre 5 millions !
Nodier, né en 1780, fut le patron, le parrain de la génération romantique que, bibliothécaire à l’Arsenal de 1824 à 1844, il reçut dans son salon, les Musset, Vigny, Lamartine, Gautier, Hugo…, sa fille Marie au piano jouant Chopin ou Liszt, leurs homologues en musique. Parmi les épisodes marquants, le 26 février 1830, date de la bataille d’Hernani, les "Jeunes-France", emmenés par Théophile Gautier, bataillant contre les conservateurs qui avaient conspué la pièce du jeune Victor Hugo. Dans le demi-siècle qui allait suivre, le poète romantique et monarchiste des douces Orientales allait se métamorphoser en un titan, en une conscience morale, un génie universel.
Eric Tellenne enchaîne les saynètes : Lamartine en pèlerinage au Moyen-Orient dans les pas de Chateaubriand ; Nodier nommé professeur de français en Illyrie par Napoléon en 1813, et vite révoqué après Waterloo ; Musset apprenti peintre dépucelé par Céline, un modèle de l’atelier où il s’initiait au nu ; George Sand en "voyage de noces" à Venise avec le même Musset, une affaire qui se terminera en fiasco absolu - les tourtereaux manquent mourir du choléra, puis le poète, volage, trompe George, se comportant comme un mufle patenté.
Grâce à Eric Tellenne, le lecteur a l’impression d’être dans les coulisses de la grande littérature du XIXe siècle. J.-C. P.
