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Gabriel García Márquez "Le scandale du siècle" (Grasset) : Le plus beau métier du monde

Gabriel Garcia Marquez - Photo © Palomares

Gabriel García Márquez "Le scandale du siècle" (Grasset) : Le plus beau métier du monde

Disparu en 2014, Gabriel García Márquez laisse un immense travail journalistique éclairant son époque mais aussi l'œuvre en devenir. Son talent de conteur d'histoires déborde dans ces cinquante articles choisis.

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Par Laëtitia Favro,
Créé le 18.11.2022 à 09h00

« J'ai toujours été journaliste », affirmait en 1991 Gabriel García Márquez, qui comparait ses livres à de « grands reportages romancés ou fantastiques ». Sa vie durant, et même après avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1982, l'écrivain n'a cessé de défendre un métier lui ayant permis d'affûter sa plume et son regard sur le monde. Célébré pour ses romans, parmi lesquels Cent ans de solitude (1967), Chronique d'une mort annoncée (1981) et L'amour au temps du choléra (1985), García Márquez n'en est pas moins l'auteur d'une œuvre journalistique d'envergure, à tort réservée aux exégètes. Car dans ses feuillets s'expriment le talent et l'acuité d'un conteur d'histoires signifiantes pour comprendre un pays, une époque, mais également l'œuvre en construction d'un grand écrivain.

Cette anthologie de cinquante textes témoigne d'un lien narratif évident entre le journalisme et la littérature tels que García Márquez les concevait. Dès le premier article choisi, portrait en creux du président colombien Mariano Ospina Pérez, s'affirme le style unique, parfois iconoclaste, d'un homme aux sensibilités politiques affirmées. Si les élites politiques en prennent pour leur grade, elles ne sont pas les seules à être égratignées. Dans « Le fantasme du Prix Nobel », l'écrivain journaliste affirme par exemple, à propos du jury Nobel, que « rien ne ressemble plus à la mort que leur cénacle », prenant fait et cause pour Jorge Luis Borges qui, pour des raisons obscures, n'obtiendra jamais le prestigieux prix. Dans ce même article, on croise un Pablo Neruda qui, tout juste élu par l'Académie suédoise, rédige son discours moins de quarante-huit heures avant la cérémonie de remise du prix, au dos du menu d'un restaurant. Excellant dans l'art de saisir un moment dans ce qu'il a d'exceptionnel, García Márquez est constamment à l'affût d'une bonne histoire à raconter, qu'elle implique les grands de ce monde ou des anonymes. Du portrait d'un jeune condamné à mort à celui de Fidel Castro ou Hemingway, ces morceaux choisis affirment cette attention particulière de « Gabo » pour le détail qui dit tout, et ce talent rare de révéler chaque histoire, individuelle ou collective, contenue dans toute information.

Gabriel Garcia Marquez
Le scandale du siècle Traduit de l'espagnol (Colombie) par Gabriel Iaculli
Grasset
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 24 € ; 500 p.
ISBN: 9782246819622

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