"Quand on me contrarie, on éveille mon attention et non pas ma colère. Je m’avance vers celui qui me contredit, qui m’instruit." Tirée des Essais de Montaigne, cette phrase pourrait être la meilleure réplique d’Alain Finkielkraut. Le nouvel académicien français s’y réfère en tout cas chaque semaine depuis trente ans lorsqu’il reçoit un ou deux invités au micro de France Culture pour "Répliques", sorte de conversation libre où les idées fusent avec brio, diffusée le samedi de 9 h à 10 h depuis le 21 septembre 1985. Près de 2 000 invités s’y sont succédé en trente ans, s’adressant à 500 000 auditeurs en moyenne chaque semaine (dont 260 000 podcasts). Mais s’il ne devait en retenir qu’une poignée, l’ancien professeur de philo se rappelle avec émotion l’émission de janvier 2013 où il recevait le Suisse Jean Starobinski, docteur en lettres autant qu’en médecine, pour évoquer "L’art de lire", ou celle, magnifique, où Claude Habib et Pierre Pachet parlaient de la "Disgrâce" autour du roman de Coetzee. Ou encore cet échange passionné sur la corrida, en novembre 2012, entre les philosophes Elisabeth de Fontenay et Francis Wolff, dont la conclusion flirta pourtant plus avec les règles de la tauromachie qu’avec les Essais de Montaigne chers à l’animateur-producteur. Pour fêter ce 30e anniversaire, celui-ci invite le public le 28 mars au studio 104 de la Maison de la radio pour deux émissions, l’une, en direct, sur le thème de "La Révolution, la République, la France" avec Mona Ozouf (De Révolution en République : les chemins de la France, Gallimard) et Patrice Gueniffey (Histoires de la Révolution et de l’Empire, Perrin). L’autre, qui sera diffusée le 4 avril, réunira Régis Debray (Dégagements, Gallimard) et Marc Fumaroli (La République des lettres, Gallimard) autour de la question "La République des lettres existe-t-elle encore ?".Marie-Christine Imbault