Après avoir achevé ses deux œuvres majeures, L’archipel du goulag (paru en France en 1973) et La roue rouge (1983), Soljénitsyne trouve enfin le temps de se replonger pour le plaisir dans des lectures sur lesquelles il commence à prendre des notes dès le milieu des années 1980. Très vite, il compile ses impressions sur des textes de grands auteurs russes du 19e et du 20e siècle, baptisant lui-même ses écrits Ma collection littéraire. Ces pages inédites “d'un grand écrivain défrichant le texte d’un autre”, selon l'éditeur, seront publiées par Fayard en trois tomes, normalement au rythme d’un par an.
Tchekhov, Tolstoï, Naguibine
Dans le premier tome de Ma collection littéraire, Alexandre Soljénitsyne s’attarde sur les écrits de neuf de ses compatriotes : Mikhaïl Lermontov, Anton Tchekhov, Alexis Tolstoï pour le “grand siècle classique”, Andreï Biély, Mikhaïl Boulgakov, Iouri Tynianov, Panteleïmon Romanov, auteurs des années soviétiques (1920-1930), mais aussi les plus contemporains Youri Naguibine et Guéorgui Vladimov.
Un point de vue inédit sur la littérature russe, mais aussi sur le fonctionnement mental d’un écrivain, comme l’expose Soljénitsyne dans “L’explication” préliminaire : “Chaque texte est une tentative pour entrer en contact intime avec l’écrivain choisi, pour pénétrer dans son dessein comme s’il se présentait physiquement à moi, et comme si, dans une conversation mentale, j’arrivais à deviner tout ce qu’il pouvait éprouver dans son travail, et à évaluer dans quelle mesure il avait accompli ce qu’il voulait faire.”