2 janvier > Histoire France

« Les animaux n’existent en histoire qu’à travers ce que les hommes en pensent et en font. » Pour Damien Baldin, chargé d’enseignement à l’EHESS, l’historien ne peut s’intéresser qu’aux animaux. L’animal, lui, relève de la philosophie, de l’anthropologie, de la politique même, au travers de ce qu’on nomme les animal studies qui se sont constituées sur le modèle des gender ou des postcolonial studies.

Son approche est donc historique. Sur deux siècles, du XIXe au XXe, Damien Baldin montre comment les animaux domestiques ont accompagné les bouleversements économiques, sociaux, culturels et technologiques et changé notre vision à leur égard.

Jusqu’à la Première Guerre mondiale, dans les grandes villes, on voyait des chiens, des vaches et bien sûr des chevaux. Ils étaient 17 000 à Paris en 1900, rien que pour la Compagnie générale des omnibus. Puis ces animaux ont été chassés par mesure d’hygiène. Il y a comme un basculement. La corrida importée en France par l’impératrice Eugénie entraîne l’invisibilité de la boucherie dans l’espace public.

Le XIXe siècle de la loi Grammont (1850), qui sanctionne la cruauté envers les animaux, et de la création de la SPA est aussi le siècle des abattoirs et des fourrières où l’on pendait les chiens jusqu’en 1880 ! Pour avoir une idée de cette industrie, il suffit de voir Le sang des bêtes (1949) de Georges Franju, le documentaire sur les abattoirs de Vaugirard.

Aujourd’hui ces animaux ont déserté les villes. On trouve bien encore le chien auprès des SDF et des marginaux, et le cheval dans les lasagnes au bœuf, mais c’est une exception. Les animaux de compagnie, eux, n’ont jamais été si nombreux, mais on ne les voit pas. En plein débat sur la réforme du Code civil qui les assimile encore à des meubles, voici un livre qui tombe à pic.

L. L.

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