Enfant du baby-boom né en 1948, Gérard de Cortanze, auteur d’une œuvre abondante et diverse, ne cesse au fond, depuis son premier roman, Les enfants s’ennuient le dimanche (Hachette Littératures, 1985), de revisiter les années de son adolescence, période il est vrai cruciale de notre histoire récente et grande pourvoyeuse d’imaginaire. C’est dans les années 1960 que la France est entrée dans la modernité, largement inspirée de ce qui se faisait outre-Atlantique, pour le meilleur (la musique, par exemple), mais aussi pour le pire (la violence, la nourriture…). Après les zazous et les yéyés, le voici qui s’est lancé dans un vaste projet, un Dictionnaire amoureux des Sixties. Un fort volume entièrement rédigé par un auteur unique, lequel est invité à laisser libre cours à son inspiration la plus personnelle, la plus subjective, à rebours de toute encyclopédie exhaustive.
L’exercice convient bien à notre homme qui, semble-t-il, a vécu nombre d’expériences marquantes, dans ces années-là, depuis sa première voiture, une 4CV customisée par son père, à Mai 68, qu’il a "fait" à sa façon, tout en étant abonné à La Lettre de la Nation, le quotidien gaulliste, en passant par une attention assidue portée à la musique, à la télévision, et à la littérature: Camus, Nimier, Malraux se baladent dans ces pages, comme Morand, élu à l’Académie française en dépit de l’hostilité du général de Gaulle…
C’est riche et varié, érudit mais enlevé. Il doit même y être question de Jacques Dutronc, l’interprète, entre autres, de Et moi, et moi, et moi. La chanson préférée de Gérard de Cortanze? J.-C. P.