Elle fait partie des écrivains américains qui comptent, tant pour ses romans que pour ses essais pointus. Animée par une insatiable curiosité, Siri Hustvedt jongle avec les sciences, l’art, la biologie, la psychanalyse ou la philosophie. Un mélange des genres qu’on trouvait déjà dans La femme qui tremble (Actes Sud, 2010). Indissociables, le corps et l’esprit n’ont pas divulgué tous leurs secrets. De quoi inspirer cet essai qui repousse les frontières de nos certitudes, histoire de "prôner les vertus du doute et de l’ambiguïté". Avec cette envie de s’interroger encore et toujours.
"La lecture de romans accroît le savoir humain." Or "d’où viennent les poèmes, la musique, les personnages romanesques ?", Notre mécanique corporelle ou neurologique est d’une telle complexité qu’il est impossible de distinguer la pensée, l’âme, le cerveau ou la biologie. Bon nombre de théoriciens ou de praticiens se sont pourtant consacrés à la place de l’inné et de l’acquis, à la profondeur des émotions ou à l’interaction avec l’environnement socioculturel. Sans oublier l’identité ou le genre, masculin et féminin.
"Le langage n’est pas un code désincarné que les machines peuvent facilement traiter. Pouvons-nous trouver un algorithme correspondant à l’œuvre d’Emily Dickinson", s’interroge Hustvedt. "Si chacun de nous a son histoire, chacun de nous a été et est toujours lié au monde des autres." A l’heure du transhumanisme et des révolutions technologiques, l’être humain ne peut point être assimilé à un robot. Est-ce une aubaine ou un sursis avant une nouvelle ère ? Kerenn Elkaïm