Un million. C'est le nombre de livres, fascicules, brochures et revues qui ont été retenus aux douanes argentines du 15 au 20 septembre. Depuis quelques jours, ce sont 400 livraisons qui sont paralysées dans le port de Buenos Aires et aux postes de frontières avec le Chili et l'Uruguay, selon le journal El Pais.
Un problème récurrent que dénonce la Chambre argentine des publications (CAP) dans un communiqué diffusé le 28 septembre : “Le secteur éditorial manifeste sa surprise face à la prolongation d'une mesure qui affecte le droit des citoyens a avoir accès au livre comme vecteur d'éducation et de culture”.
Sur place, les professionnels du livre s'interrogent. “La situation est critique, assure Salvador Garzon, diffuseur d'éditeurs européens en Argentine. On parle d'engorgement des entrepôts douaniers et de livres entassés. La librairie Paragrafica, spécialisée dans les beaux-livres, attendait une livraison d'environ 3 000 ouvrages pour une grande exposition sur le cinéma organisée cette semaine. Ils les attendent toujours...” ,
“Les petites maisons d'édition ne sont pas trop touchées par le problème, précise-t-on aux éditions Libros del Zorzal. Les plus concernés sont les groupes comme Planeta, Santillana ou SM, qui pratiquent en masse l'importation, et font imprimer leurs ouvrages à l'étranger”.
Distributeurs, éditeurs, libraires réclament des explications qui ne viennent pas : le minisitère de l'Industrie et le secrétariat au Commerce intérieur, refusent de reconnaître toute implication dans les blocages en série.
Pour Ezequiel Izcovich, de la librairie Las mil y unas hojas à Buenos Aires, les mesures ne concernent pas que le livre : “Il y a un blocage général, même si c'est par épisodes. On avait pas d'importation prévue mi-septembre, mais du coup, face à la situation, on a décidé d'attendre que ça se calme et de connaître les raisons du blocage, avant de commander à nouveau des ouvrages.”
Le gouvernement argentin a déjà procédé de cette manière à plusieurs reprises depuis fin 2008, dans le but de déclencher des négociations au sein du secteur industriel. Dans le cas de l'édition, il s'agirait de relancer le débat demandé par les imprimeurs argentins qui souhaitent que les livres vendus en Argentine soient uniquement imprimés dans le pays.