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Edition : les métiers hybridés

Edition : les métiers hybridés

De l'éditorial qui doit concevoir des livres multisupports à la diffusion qui doit s'adapter aux nouvelles pratiques de lecture, tous Les métiers de l'édition évoluent sous l'effet du numérique. C'est ce que montre la nouvelle version de cette bible des professionnels aux éditions du Cercle de la librairie.

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Par Catherine Andreucci
Créé le 08.10.2014 à 20h37 ,
Mis à jour le 09.10.2014 à 17h50

"Là où l'on avait des ruptures de fonctionnement entre l'édition et l'audiovisuel, on a aujourd'hui des passerelles, des continuités devenues beaucoup plus "naturelles"." BERTRAND LEGENDRE- Photo O. DION

Pour ceux qui aspirent à entrer dans le monde de l'édition, c'est une précieuse boussole. Pour ceux qui y naviguent déjà, c'est un utile baromètre de l'évolution de leur profession. La cinquième version des Métiers de l'édition, réalisée sous la direction de Bertrand Legendre et publiée le 27 juin aux éditions du Cercle de la librairie (propriété d'Electre, la société éditrice de Livres Hebdo), permet de mesurer les mutations à l'oeuvre depuis la précédente mise à jour de 2007. L'intégration du numérique à toutes les étapes de la conception, de la fabrication et de la commercialisation des livres a rendu nécessaire une refonte de l'ouvrage, menée avec l'aide de plusieurs nouveaux contributeurs.

Greffe

Editorial, juridique, commercial, gestionnaire, coédition et coproduction, cessions de droits, presse, diffusion, distribution... Toutes les fonctions sont détaillées et analysées dans des chapitres spécifiques. De ce point de vue, la nouvelle édition conserve une structure de manuel, qui a fait ses preuves. Mais depuis cinq ans, le numérique ouvre "la voie à la recherche de modes de fonctionnement plus ou moins expérimentaux, qui donnent lieu à des solutions d'hybridation entre métiers traditionnels et nouveaux métiers, ou, au contraire, à la définition de fonctions entièrement dédiées au développement des nouvelles technologies dans l'édition", écrit Bertrand Legendre, professeur à l'université Paris-13 Villetaneuse. "Nous sommes dans une phase de fonctionnement intermédiaire, nous précise-t-il. On voit assez peu de métiers purement dédiés au numérique se mettre en place. Quand c'est le cas, ils se greffent à des services "traditionnels" en élargissant leur périmètre d'activité."

Les remodelages les plus profonds concernent "peut-être encore plus la promotion que la fabrication, relève-t-il. Les pratiques de transmission de fichiers, de numérisation... étaient déjà largement en place il y a cinq ans. En revanche, la promotion demande une domestication des réseaux par les éditeurs. C'est là que l'on voit apparaître des métiers comme community manager."

Community manager

Le marketing éditorial s'est d'ailleurs considérablement développé, avec des techniques affinées pour cibler directement le lecteur. PLV, un livre gratuit pour deux achetés, outils d'aide à la vente, salons du livre, réseaux sociaux... "C'est bien le hors-média qui focalise dans la plupart des maisons les soins et les investissements des communicants", note Noëlle Poggioli dans le chapitre "Les métiers de la sphère commerciale". La diffusion elle aussi est en train de se recomposer, et les nouveaux modes de lecture induits par le numérique vont affecter en retour la production : "L'avenir éditorial ne pourra s'inscrire que dans une politique éditoriale transmédia (on imagine directement le contenu dans chacune de ses déclinaisons : papier statique, numérique interactif, etc.) et non simplement bimédia", analyse Max Prieux.

Plus largement, cette fameuse "chaîne du livre", qui désigne tous les maillons intermédiaires entre l'auteur et le lecteur, n'est-elle pas aujourd'hui caduque ? Dans une synthèse dense et détaillée sur "Le livre et le numérique", Benoît Berthou répond. Certes, elle a montré son efficacité et sa résistance. Mais "au regard des possibilités qu'offrent les technologies numériques, cette organisation semble franchement problématique, notamment du fait de sa complexité", écrit-il, rappelant que le numérique engendre une "désintermédiation" et une redéfinition des fonctions des différents acteurs. Nourri de nombreux exemples, son chapitre se lit comme une invitation à s'emparer des technologies pour explorer les champs qui s'ouvrent et inventer de nouvelles pratiques tant en termes de création que de diffusion ou de financement.

Finalement, nous résume Bertrand Legendre, l'évolution des métiers est bien "liée aux extensions du numérique. Mais aussi à celle d'autres secteurs culturels qui se prêtent davantage à l'exploitation multisupport. Le numérique, de ce point de vue-là, joue un rôle de liant entre les industries culturelles. Là où l'on avait des ruptures de fonctionnement entre l'édition et l'audiovisuel, on a aujourd'hui des passerelles, des continuités devenues beaucoup plus faciles et "naturelles" qu'elles ne l'étaient il y a encore cinq-six ans : car ce sont des logiques de multi-exploitation".

Les métiers de l'édition, sous la direction de Bertrand Legendre, Editions du Cercle de la librairie, 540 pages, 42 euros pour la version papier, 31,50 euros pour la version numérique téléchargeable et 29,40 euros en consultation

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