La ministre est venue faire trois annonces. D'abord le lancement en 2022 du Fellowship d’éditeurs francophones par le Bief, qui s’adressera aux éditeurs de toutes les zones de l’espace francophone, tous secteurs éditoriaux confondus, et ce afin de favoriser les rencontres en professionnels et de faciliter les échanges.
Ensuite, la ministre veut améliorer la situation des auteurs. Ella lancé une piste "à explorer ensemble": réfléchir à la création d'un fonds de soutien pour la création littéraire et les auteurs, à l'image de celui qui existe déjà pour le cinéma avec le CNC. La ministre de la Culture du Québec, Nathalie Roy, a aussitôt fait part, en visio, de son intérêt pour cette mesure, qui permettrait d'améliorer la mobilite des écrivains dans l’espace francophone.
Enfin, au-delà des bourses pour les auteurs (5à par an), des aides au librairies francophones (60 au total selon la ministre) ou du réseau numérique des bibliothèques francophones, Roselyne Bachelot souhaite stimuler la coopération. "Les dispositifs ne sont pas assez connus, pas assez utilisés" déclare-t-elle. Selon elle, il faut travailler davantage sur le problème des cessions de droits. "Cette question majore considérablement le prix du livre. Là aussi, les éditeurs sont prêts à avancer sur ce sujet. Monsieur Dutilleul, qui représentait le Syndicat national de l'édition lors de la cérémonie de clôture, s'y est engagée" rappelle la ministre interrogée par Livres Hebdo.
Par ailleurs, la Charte de l'AILF et promue à Tunis par Philippe Goffe, "passe sous l'égide du ministère, ce qui est une très belle avancée" souligne-t-elle. Cette décision doit permettre de mieux diffuser le livre en langue française à travers les librairies francophones. "C'est une proposition dans lequel il va falloir mettre du contenu avec nos partenaires" nous précise la ministre. "Cette charte est en élaboration" ajoute-t-elle, rappelant que là "ce ne sont plus des politiques d'Etat. Nous n'avons pas à nous substituer à la société civile, nous sommes là pour l'aider."
Enfin, avec huit autres de ses collègues francophones, elle a, par ailleurs, signé la "Déclaration des ministres de la Culture". Dans ce texte, les ministres d'engagent à "élaborer et à mettre en place des politiques publiques propices à la mise en œuvre des conclusions des Etats généraux:
- Promouvoir l'accès au livre et à la lecture (en particulier les jeunes)
- Soutenir la création en veillant la juste rémunération des créateurs et au respect du droit d'auteur
- Favoriser la traduction en langue française
- Améliorer la circulation des œuvres et des auteurs
- Renforcer les missions des bibliothèques comme lieux de conservation et lieux d'accès à l'information, la formation et la culture."
Le but des Etats généraux était d'établir une liste de dix propositions. "Arrêtons de se dire ce qu'on doit faire" nous explique la commissaire de l'événement, Sylvie Marcé. "Prenons deux ou trois propositions et expérimentons les, pourquoi pas dans une zone spécifique" ajoute-t-elle. Après trois années à avoir construit ces Etats généraux, elle considère que c'est aux Etats et aux acteurs privés de s'emparer de ces pistes et de les concrétiser à travers un projet, qui peut-être aidé financièrement le temps de la phase de test. Certaines propositions ne peuvent s'accompagner que de la volonté politique et de changements ou de créations de modèles économiques.
Dans l'immédiat, l'objectif est d'intégrer la "Déclaration des ministres de la Culture" dans la déclaration finale du sommet de l'Organisation internationale de la francophonie, à Djerba les 20 et 21 novembre. "Cela semble bien parti" nous assure la commissaire, qui souhaiterait suivre les effets de ses Etats Généraux.
Eva Nguyen Binh, présidente de l'Institut français, a déjà promis un suivi de ces Etats généraux et évoque un nouveau rendez-vous dans deux ans.