19 février > roman France

Un salon à El Lago, dans l’après-guerre. Des épouses, des enfants. A la télévision, un homme parle à la tribune du Century Plaza. Il est un "héros sans visage", un "héros de tous les temps", appelant de ses vœux une nouvelle ère, une décennie de paix. Le héros se prénomme Neil, il a grandi dans une famille qui a beaucoup déménagé. Il a eu son brevet de pilote avant même de savoir conduire, a été employé chez Boeing à Seattle. Neil, c’est Armstrong, jamais nommé, mais bien reconnaissable.

L’impressionnant et lancinant livre d’Hugues Jallon superpose les histoires, entrecroise les destins, sonde les mythologies. La conquête des cœurs et des esprits montre les fêlures, les drames. Outre Neil, on accompagnera Ron (Hubbard). Un apprenti aventurier. Un jeune esprit agité, à l’imagination "surchauffée". Un type jamais à court d’histoires qui se lance à bras-le-corps dans la science-fiction en multipliant les intrigues et les pseudonymes. Ambitionnant bien vite de révolutionner rien de moins que, "la compréhension générale de l’esprit humain". Et de lancer la scientologie…

Ne pas rater non plus Ted (Serios). L’enfant sujet aux cauchemars, à présent adulte, qui ne sait pas quoi faire de sa vie, ne peut s’empêcher de s’enfuir et s’en remet au docteur Eisenbud. Ou encore la petite fille russe qui veut être écrivaine. Alissa, devenue Ayn (Rand), rêve d’Amérique et concrétise ses projets. Son premier roman paraît la même semaine qu’Autant en emporte le vent et connaît un large succès. Avant qu’elle ne continue à prendre des amphétamines, qu’elle n’entreprenne la rédaction d’un chef-d’œuvre à la gloire du capitalisme…

Puzzle étonnant, La conquête des cœurs et des esprits impose son rythme, sa musique, sa lecture de l’Histoire. Les protagonistes de l’auteur de Zone de combat (Verticales, 2007) et du Début de quelque chose (Verticales, 2011) veulent décrocher la lune. Sans toujours y parvenir. Al. F.

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