Le peintre et sculpteur contemporain Antoni Tàpies, né à Barcelone en 1923, s'est éteint le 6 février dans sa ville natale, à 88 ans. « C'est une triste nuit... mais le plus important, c'est qu'il nous reste ses oeuvres, qui sont extraordinaires, ainsi que son travail de collectionneur, sa fondation et ses écrits », a déclaré Manuel Borja-Villel, le directeur du musée Reina Sofia de Madrid.

Antoni Tàpies est à l'origine de 8 000 oeuvres exposées, pour la plupart, dans les principaux musées d'art contemporain du monde. Marqué par les horreurs de la guerre civile espagnole, d'inspiration dadaïste et surréaliste, Tàpies a réalisé en 1946 ses premières oeuvres abstraites : collage à partir de journaux, de ficelles, de papier, d'aluminium, de paille et de terre.
Privilégiant les « matières pauvres », sa peinture comme sa sculpture, ont acquis une renommée internationale. Dès 1955, il expose à Paris, à la galerie Stadler. En 1973, une rétrospective est organisée au Musée d'Art moderne de la ville.

Parmi ses travaux littéraires, Tàpies a écrit en 2000 L'art et ses lieux (Galerie Lelong) et en 2001 La valeur de l'art (André Dimanche). Du livre d'entretien avec Jean-Philippe Peynot, Tapies : 1,2,3 bang ! (Archibooks, 2006), en passant par des beaux-livres d'art avec Matières d'infini, par Jacques Dupin (Farrago Eds, 2005) et Antoni Tàpies : peintures, sculptures et dessins, par Yves Michaud (Galerie Lelong, 2002), de nombreux ouvrages traitant de l'artiste et de son oeuvre ont été publiés.

L'artiste, qui fréquenta un temps l'élite artistique parisienne et a été décoré en 2006 de la légion d'honneur, a lui-même qualifié ses oeuvres de « champs de batailles où les blessures se multiplient à l'infini ». « Sans choc il n'y a pas d'art », disait aussi celui qui, en 1984, crée à Barcelone la Fondation Antoni Tàpies afin de promouvoir l'étude de la connaissance de l'Art Moderne.

Son oeuvre a été maintes fois récompensée : Médaille d'or des Arts, remise par le Roi Juan Carlos, en 1981, Prix national de la Peinture en 1985, décerné par le Gouvernement Français, Médaille Picasso de l'Unesco en 1993 ou encore Prix Velasquez des arts plastiques en 2003.