Pointée de longue date par le Syndicat de la librairie française comme un défi essentiel pour l'avenir de la profession, devenue un thème récurrent des Rencontres nationales de la librairie, la formation des libraires s'impose peu à peu au cœur de leurs préoccupations. Nécessité fait loi. La concurrence croissante du commerce en ligne oblige les librairies « en dur » à élever leur niveau de service dans tous les domaines : adéquation de l'assortiment, conseil, relation client, animation, services à la carte, partenariats. Les nouvelles technologies et leurs applications en matière de gestion ou de communication, via Internet comme sur les réseaux sociaux, nécessitent un renouvellement des compétences pour tirer le meilleur parti des opportunités de développement qu'elles permettent. Surtout, le regain d'intérêt que suscite le métier, dans une période où une nouvelle génération vient remplacer les babyboomeurs qui ont posé les bases de la librairie moderne dans les années 1970 et 1980, impose une redéfinition de ses contours et de ses prérequis.
Si tous les organismes spécialisés se sont lancés dans une réinvention de leur offre de formation, l'équipement intellectuel, pratique et technique du libraire, devenu une sorte de couteau suisse au service de ses clients, reste un casse-tête. Tandis qu'une formation universitaire généraliste n'est plus suffisante pour affronter les nouvelles technicités du métier, une formation qualifiante joue difficilement son rôle si elle ne peut s'adosser à une culture générale solide. Quant à la combinaison des deux, évidemment idéale, elle est aujourd'hui bien mal rémunérée par une profession aux marges contraintes. Aux quelque 400 impétrants qui suivent chaque année ses cursus de formation initiale ou continue, dont près de la moitié à l'Institut national de formation de la librairie, cette dernière ne peut promettre beaucoup plus que le Smic. Peu pour un couteau suisse.