4 NOVEMBRE - BD France

Photo MANCHETTE-TARDI/FUTUROPOLIS

Après Le petit bleu de la côte Ouest et La position du tireur couché, la troisième adaptation par Jacques Tardi des polars de Jean-Patrick Manchette montre qu'il en a dé-sormais le ton et le rythme dans la peau. Troisième roman de Manchette, O dingos, ô châteaux n'est pas son oeuvre la plus emblématique. Dans sa préface, François Guérif note même que l'écrivain avait été, en 1973, très surpris de recevoir pour lui le grand prix de la Littérature policière. Mais son traitement par le dessinateur balaie toute réserve. Comme en d'autres temps pour ses adaptations de Léo Malet, Tardi a totalement digéré le style Manchette pour donner naissance à un style propre qui n'est autre qu'une nouvelle facette du sien. Le dessinateur s'est approprié les scènes chocs qui scandent le récit comme les paliers qui permettent d'en mesurer la progression. Et O dingos, ô châteaux trace son chemin entre road movie pathétique et grand poème tragique.

Car dans cette histoire, tous les protagonistes semblent sortis de l'asile. Hartog, architecte raté, a hérité l'immense fortune de son frère, mais aussi la responsabilité de son incorrigible neveu. Il lui choisit une jeune nurse dans un hôpital psychiatrique pour mieux faire croire ensuite que celle-ci a, dans un coup de folie, enlevé le garçon, alors qu'il compte le faire éliminer par des tueurs. Or cette bande de branquignols aura fort à faire car la nurse et le gamin s'échappent, provoquant une sanglante course-poursuite, de Paris au Massif central, et une mémorable castagne dans un supermarché. Texte, découpage et dessin au cordeau, Tardi offre une formidable plongée dans la France des années 1970.

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