Pour Rizzoli, l'opération “You crime” est avant tout destinée à recruter de nouveaux auteurs. Mise en place pendant l'été 2013, elle a consisté en une sélection de douze auteurs, chargés d'écrire une nouvelle policière, auxquels on a demandé de promouvoir eux-mêmes leur histoire, sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux. “Certains ont réalisé des trailers qu'ils ont mis sur Youtube et autres plateformes” a souligné Marcello Vena. Quatre recueils numériques, parrainé chacun par un auteur reconnu qui a aussi écrit une nouvelle, ont ainsi été commercialisés au prix de 1,99 euro. Le gagnant, Gabriele Santoni, a été le plus vendu et le plus “liké”, et verra son livre publié au format papier par Rizzoli en 2014. “Stewart pour Ryan Air, il a relayé les informations sur le concours et incité les passagers de chacun de ses vols à acheter le livre” a raconté Marcello Veno devant une salle hilare. Tout en soulignant que les quatre e-books figurent dans les 50 meilleures ventes numériques de l'éditeur “aux côtés de Dan Brown et de Joël Dicker”, et dans le Top 20 du Kindle.
Si ce type de marketing correspond bien à l'époque, il n'est pas sans poser quelque problème: l'habileté d'un auteur à manipuler les réseaux sociaux n'augure en rien de ses talents littéraires. L'assistance a plutôt loué ce sens de l'innovation mais a jugé que la prise de risque était limitée pour l'éditeur et a souri quand Marcello Veno a refusé de communiquer sur les droits d'auteur et les ventes.
Jean Arcache, qui l'a interrogé sur la sélection et le choix des parrains, a souligné les voies choisies par Place des éditeurs, qui vient d'annoncer le gagnant (Lionel Chareyre, avec Débrouille-toi! qui paraîtra chez Chemin en 2014, la maison numérique de Place des éditeurs) du concours “Nos lecteurs ont du talent”, primo-romancier sélectionné par un jury de lecteurs, organisé en partenariat avec la Fnac et Kobo. Il a aussi rappelé le concours “Galop d'essai” de nouvelles sur le thème du cheval parrainé par Françoise Bourdin.
“Nous ne pouvons pas laisser le marché de l'auto-édition nous échapper, a souligné Jean Arcache. Mais parallèlement nous devons défendre nos marques: nous avons une responsabilité par rapport à nos lecteurs et nous ne pouvons pas publier n'importe quoi. Il ne faut pas confondre maison traditionnelle et start-up.”