La solitude des agneaux. Ça se prononce « Malou », bien que ça s'écrive « Malu ». Son père trouvait plus élégant cette unique voyelle finale « u » dans le prénom de sa fille. Clarence Angles Sabin raconte à travers les yeux de la petite héroïne de Malu à contre-vent l'odyssée des jours dans une ferme familiale du Rouergue. Le regard décrit, et le corps s'écrit. En lui tout entier s'imprime cette réalité fruste - les champs de maïs, le bus scolaire, la routine d'une aïeule paysanne stoïque.
Malu était encore bébé lorsque sa mère est partie. Ce sont sa grand-mère et son père qui l'élèvent. Malgré tout leur amour, l'univers des adultes palpite d'angoisse. Malu se griffe, se mord jusqu'au sang. « La douleur était pour Malu une échappatoire, un refuge ». C'est charnellement que Malu éprouve la cruauté du monde, elle saigne à l'unisson des agneaux mort-nés. Elle refuse d'abandonner ces avortons d'ovins à leur sort de déchets. Accompagnée de sa chienne Sola, Malu creuse la terre pour offrir aux bébés moutons une sépulture. Malu a beau creuser, elle n'enterrera pas la solitude qui gît tapie telle l'ombre sous chaque caillou du chemin, dans les interstices des pierres de la ferme. La nuit, son père ne dort pas, il fait ses comptes. Les années passent. La grand-mère, son roc, commence à vaciller, elle perd la mémoire. Et c'est un tout autre saignement que Malu, quittant l'enfance, voit sortir d'elle. Clarence Angles Sabin signe un premier roman à la poésie rugueuse, et fait entendre, mêlé aux accents du dialecte rouergat, un magnifique chant de la fin de l'innocence.
Malu à contre-vent
Le Nouvel Attila
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 19 € ; 192 p.
ISBN: 9782487749290