19 février > Essai France

Comment une "morale laïque" peut-elle être enseignée par des professeurs qui ont perdu légitimité et autorité ? Cette question cruciale est au cœur de la réflexion de Christian Godin. Selon ce philosophe (université Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand), rédacteur en chef de la revue Cités (Puf) et auteur d’une quarantaine d’ouvrages, nous sommes en voie de démoralisation parce que la moralisation de la vie politique, de la société et de l’économie se fait attendre.

Les sujets abordés sont nombreux : la justice sans sanction des injustices, la violence des jeux vidéo, la férocité des paroles de certains raps, la lâcheté ordinaire facilitée par la technologie ou l’invisibilité d’Internet pour les propagandistes de la haine.

Christian Godin examine la crise sous un angle psychologique et moral. Et puisqu’il s’agit aussi d’une crise des valeurs, il les nomme et constate que l’homme a du mal à se reconnaître dans son propre monde qui semble gagné par l’extension du domaine de la fraude et du mensonge.

Cette perte de conviction et d’énergie, cette démoralisation, entraîne un affaiblissement, voire une disparition de la morale que l’on remplace par l’éthique, cette "morale en temps de détresse", et qu’on enferme pour plus de tranquillité dans un comité.

Pour le philosophe très remonté contre l’utilitarisme libéral et l’individualisme libertaire, on se méfie de la morale comme d’une guigne et du jugement comme de la peste. On ne veut recevoir de leçon de personne et surtout pas de ceux qui sont là pour ça, c’est-à-dire les profs. Bref, on admire de moins en moins et on déteste de plus en plus. C’est le constat de ce livre incisif qui invite à réagir pour rester Charlie sans passer pour des charlots. L. L.

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