D’un chapitre à l’autre de Fleur et sang, François Vallejo alterne deux époques et deux histoires liées entre elles. De nos jours, voici d’abord le docteur Etienne Delatour. Un chirurgien cardiaque imprévisible, qui exerce en Touraine puis à Paris. Cet homme, qui met les cœurs défaillants à l’épreuve et a ouvert maints thorax, a connu l’échec et les larmes. A la fin du XVIIe siècle, Urbain Delatour le Jeune, lui, est le fils de maître Urbain Delacour l’Aîné. Un apothicaire et chirurgien qu’il a accompagné chez ses patients dès l’âge de 12 ans. Sans jamais arriver à s’habituer au jaillissement du sang.

Les deux Delatour entretiennent un rapport fort et étrange aux femmes. Depuis l’internat, l’époque où ils participaient à des fouilles archéologiques, Etienne est sous l’emprise d’Irène Saint-Aubin qui a eu la jambe broyée dans un accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère. Marié puis divorcé, Etienne a retrouvé une Irène ayant plus que jamais "la finesse et l’énergie d’un lévrier de chasse". Une Irène boiteuse qui influe sur sa carrière et l’entraîne dans une histoire d’amour pour le moins tourmentée… Quant à Urbain Delatour, il brûle de désir pour Isabelle de Montchevreüil. Demoiselle bien née, à la massive et remuante poitrine, qui monte à cheval et aime à donner du fouet, une Isabelle dont la jambe va être elle aussi sérieusement blessée…

Roman à l’ancienne, Fleur et sang explore les tourments de l’âme, les fièvres dont on ne peut guérir. L’auteur de Ouest (Viviane Hamy, 2006, prix du Livre Inter 2007, repris en Points) et des Sœurs Brelan (Viviane Hamy, 2010, repris en Points) tisse patiemment les fils de sa double histoire fougueuse. L’occasion de s’interroger en creux sur le refus et le doute, la difficulté à soulager les souffrances.

Al. F.