L'hôtel est désert, Paris pas loin de l'être. Et puis, elle arrive. Toute de noir vêtue, un large sourire aux lèvres, elle change la donne. La trentaine bon teint, bonne mine, bonne humeur, Cécile Guidot aurait de quoi se montrer morose ou au moins fatiguée ou stressée. Il n'en est rien. Cette jeune maman d'une petite fille de deux mois semble accueillir la maternité comme la littérature : avec un infini bonheur. Elle publie ces jours-ci Les Volontés, deuxième volume d'une trilogie dont le prochain titre devrait paraître en 2021. 

Atelier d'écriture

Parfois, le roman c'est d'abord une bonne idée et puis un fil de pelote que l'on dévide presque naturellement. C'était à Los Angeles en 2017. Ç'aurait pu être ailleurs sans doute, dans sa Bourgogne natale ou en remontant la Garonne. Non, là ce fut le Pacifique. Cécile Guidot venait de prendre une décision : abandonner le métier de notaire qu'elle exerçait avec un succès certain depuis près de dix ans pour se consacrer à l'écriture. Diverses tentatives depuis ses dix-huit ans avaient toutes échouées. Alors, qu'écrire ? Ça justement, ce métier que jusqu'ici seul Balzac avait pu trouver romanesque. Un canevas déjà presque prêt sous le bras, elle rentre en France, s'inscrit à un atelier d'écriture animé par le journaliste Mohammed Aïssaoui et l'éditrice (et romancière elle-même) Anne-Sophie Stefanini qui en prend connaissance et lui signe illico un contrat.

Brillante idée, Les Actes, fresque foisonnante et redoutable page turner, rencontre illico le plus grand succès. Le reste n'est qu'une suite logique et non moins heureuse puisque ce sujet inédit traité ainsi déclenche une folle curiosité des sociétés de production et qu'une série télévisée de 6 fois 52 minutes, à l'adaptation de laquelle elle participe pleinement, est en cours de production. Les Volontés transforme l'essai notamment en matière de maîtrise romanesque et du portrait de l'héroïne, cette Claire Castaigne qui ne craint rien et doute de beaucoup, dont tout indique que Cécile Guidot n'a pas eu à chercher le modèle bien loin.

Bref, bingo. Et pourtant rien ou peu ne destinait la jeune Cécile à cette assomption. Née d'un père agriculteur céréalier et d'une mère coiffeuse, elle a grandi près de Beaune, dans une ferme. Dès l'âge de treize ans, encouragée par son professeur de français, elle sait que toute sa vie elle voudra écrire. Elle dit aujourd'hui en riant : « J'ai beaucoup déçu ma grand-mère le jour où j'ai laissé tomber le notariat. »

Sa vocation est nourrie par la lecture de Duras d'abord, puis plus tard de Mishima, London et McCullers. Après des études avortées en hypokhâgne, la voilà parisienne, pensionnaire pendant deux ans du cours Florent. Une façon sans doute, pour elle, moins de s'envisager comme comédienne que de rester toujours au plus près du texte. Il y aura quand même auparavant un master de droit suivi d'une spécialisation dans le notariat. Le souvenir qu'elle conserve de ces années, de l'étude où elle exerça ses talents, est loin de lui être amer mais elle conserve quand même l'idée de « ne pas être alors sur son vrai chemin de vie ».

C'est désormais chose faite bien sûr avec cette série qu'elle conçoit dans la grande tradition du roman feuilleton. Elle s'y consacre le plus souvent dans la maison de Camargue, un ancien mas, qui est sa terre d'écriture. « Là bas, dit-elle, même si je reviens aussi souvent en Bourgogne, je suis vraiment chez moi, entourée de champs de pommiers, de taureaux et de chevaux blancs. »

Cécile Guidot
Les volontés
Lattès
Tirage: NC
Prix: 19.90 euros
ISBN: 9782709666961

Les dernières
actualités