Après avoir achevé en 2016 Le labyrinthe des esprits, dernier roman de sa tétralogie Le cimetière des livres oubliés, Carlos Ruiz Zafón avait demandé à son éditeur espagnol, Émile de Rosiers Castellaine, de rassembler les onze nouvelles qu'il avait écrites afin d'en faire un volume. La maladie a retardé le projet, qui a finalement vu le jour en 2020, l'année de la mort de Zafón, à Los Angeles, à l'âge de 55 ans. Voici donc le recueil en français, posthume.Les familiers de l'univers onirique et fantastique du grand écrivain l'y retrouveront aisément : il est question ici de labyrinthes, d'une bibliothèque dissimulée sous la basilique Sainte-Sophie à Constantinople, d'un manuscrit disparu de Cervantès, Un poète aux enfers, ou encore de Gaudi et pourquoi il n'eut pas assez d'argent pour achever sa Sagrada Familia.

Les héros et/ou narrateurs s'appellent Sempere, le « faiseur de livres », Andreas Corelli, l'éditeur, ou encore David Martin, le conteur qui invente chaque jour une histoire pour séduire la belle Blanca. Ils sortent des propres romans de Zafón, les nouvelles se répondent, l'écrivain s'en joue et invente des récits dans le récit dans le récit. Borgésien, a-t-on pu dire. Zafonien avant tout, estime à juste titre l'éditeur espagnol de chez Planeta, maison sise à Barcelone. C'est elle, « la ville de vapeur », où Zafón est né en 1964. Il y situe ses nouvelles, gothiques tout comme la cathédrale Santa María del Mar où se passe la première, « Blanca et l'adieu ».