Ils sont venus "constater que la librairie était ouverte au public", annonce sur sa page Facebook sa fondatrice, Florence Kammermann. Depuis le 30 octobre, la cheffe d'entreprise a en effet laissé son rideau levé. "C’est d’abord un choix militant. Je suis dans une forme de résistance face à un gouvernement qui n’entend pas que le livre demeure un acteur majeur de notre culture. C’est une nourriture essentielle et un rempart contre l’obscurantisme et l’intégrisme", explique Florence Kammermann.
Liquidation directe
La dimension économique a également pesé dans la balance. Créée en 2017 sur 45 m2, Autour d’un livre a déménagé l’année dernière pour atteindre 180 m2 répartis entre librairie, salon de thé et restaurant. Ces deux dernières activités, fermées depuis le 30 octobre, représentent "le poumon économique de l’entreprise. Si, en plus, je tire le rideau de la librairie, je ne pourrais jamais rouvrir. C’est la liquidation directe", estime Florence Kammermann.
Expérimenté lors du premier confinement, le système de click and collect ne permet d’assurer que 20 à 25% du chiffre d’affaires, une recette insuffisante pour maintenir à flot la librairie. "Rester ouvert permet aussi d’anticiper un durcissement du confinement ou une fermeture administrative. Si cela arrive, je pourrais tout de même honorer mes engagements vis-à-vis de tous mes partenaires et fournisseurs et ne pas laisser de casseroles", détaille la libraire qui assure ne pas se rémunérer depuis la création d’Autour d’un livre.
4 à 5 dans 100 m2
Recevant le soutien "des cannois, comme des auteurs ou des éditeurs", la librairie dégage un chiffre légèrement au-dessus des performances habituelles. Et tant qu’elle le pourra, Florence Kammermann maintiendra cette ouverture. "Si je pensais qu’il y avait le moindre danger pour mes clients, je sacrifierais ma librairie. Mais à 4 ou 5 dans plus de 100 m2, avec gel et masques, nous respectons largement les conditions sanitaires. Dès lors, pour quelles raisons valables devrais-je fermer?"