A la fin, l’héroïne, Blanche, s’en va en avion. Rideau. On suppose qu’elle oubliera cette aventure qu’elle a pourtant vécue comme dans un songe, et qu’elle reprendra sa petite vie tranquille d’avant.

Blanche Meunier, 36 ans, est employée dans un musée parisien. Bizarrement, elle est persuadée d’être le sosie d’un célèbre footballeur de l’Atletico, Fernando Torres. D’où le fait qu’elle se rende à des matchs de football lorsque son "double" joue. Et justement, elle a de la chance. Envoyée à Madrid pour convoyer et installer un tableau de Goya, L’enfant vert, prêté au Prado pour figurer dans une exposition sur les chiens dans la peinture, elle va au stade où jouent Torres et son club. Juste à côté d’elle, par hasard, croit-on au début, un beau jeune homme prévenant, mystérieux. Il la drague un peu. Après un dîner très arrosé, un "parcours Fernando" dans Madrid, le garçon, Attilio, la persuade de lui faire visiter, en privé, le Prado. Deux jours plus tard, le musée est l’objet d’une tentative de vol. Le cambrioleur, qui a échoué, n’est autre qu’Attilio, personnage fort peu recommandable.

Fils d’un parrain de la mafia de Catane, la plus redoutable de Sicile, à 20 ans il a ensablé vivante sa jeune épouse, Sofia, qui l’avait trompé. Puis il a été chassé de chez lui par la mafia chinoise, qui a repris les lucratifs trafics des ordures et de la mozzarella. Exilé en Espagne, il s’est vu convoquer par la Giganta, une gangster chinoise de deux mètres, laquelle exige de lui qu’il dérobe un tableau de Goya représentant un petit chien, dont elle est tombée amoureuse. Après son fiasco, il a intérêt à se faire oublier. Il entraîne alors Blanche, séduite et magnanime, qui l’a retrouvé, dans un road-trip amoureux à travers l’Andalousie : Medina-Sidonia, où il possède l’ancienne maison de la duchesse d’Albe, modèle de Goya, Sanlucar, Séville, enfin, où ils assistent à une corrida, comme une prémonition. Le destin finit toujours par vous rattraper.

On n’en dira pas plus, afin de préserver le suspense de ce vrai-faux thriller sophistiqué, cérébral, érudit, où la peinture occupe une place de choix. Agnès Mathieu-Daudé, dont c’est le deuxième roman, est elle-même conservatrice du patrimoine. Ceci explique cela. Jean-Claude Perrier