ÉDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

C'est une vieille coutume : à nouveaux manuels, nouvelles polémiques. Cette année encore, la rentrée scolaire ne déroge pas à la règle.

Photo OLIVIER DION

Quatre-vingts députés UMP viennent ainsi de réclamer le retrait des manuels de sciences de la vie et de la Terre destinés à la classe de première qui, selon eux, se réfèrent à "la théorie du genre sexuel" - elle privilégie l'acquis sur l'inné - pour expliquer l'identité sexuelle des individus. Ils appellent les pouvoirs publics à "mieux contrôler" ces publications. Pourtant ces manuels ne feraient que suivre une recommandation du ministère de l'Education nationale qui, l'année dernière, incitait les éditeurs à introduire un chapitre sur "Devenir homme ou femme".

Autre grief : dans une tribune au Monde daté de mercredi, Claude Lanzmann fustige l'abandon du mot "Shoah" dans les manuels d'histoire de première et son remplacement par "anéantissement", "génocide juif", voire "génocide nazi". Là encore, ce serait une circulaire publiée au Bulletin officiel qui aurait conseillé aux éditeurs d'éviter d'employer ce terme. Pour corser la question, la circulaire est introuvable, alors que le mot "Shoah", lui, figure toujours dans les textes, ce que les éditeurs concernés ont immédiatement fait remarquer...

Alors qu'il est menacé par le numérique, comme nous le montrons dans notre événement, le manuel scolaire, bien vivant, continue de cristalliser les débats de notre société. Pour Philippe Meirieu, cette place centrale est une chance, car le livre papier, avec sa structure linéaire, doit rester présent à l'école "pour entretenir et fixer l'attention de l'enfant dans la durée". "C'est fondamental, alors que tout l'encourage à la dispersion", insiste le pédagogue. Ce qui ne l'empêche pas de réclamer aussi une égalité de l'accès de tous les élèves au numérique.

En librairie, c'est plus globalement le système scolaire français qui génère une abondante production d'ouvrages polémiques. Stimulé par la prochaine échéance présidentielle, le cru 2011 est particulièrement copieux avec une trentaine de titres annoncés d'ici à la fin octobre. Jack Lang vient d'ouvrir le ban, aux éditions du Félin, avec un ouvrage au vitriol, Pourquoi ce vandalisme d'Etat contre l'école ?. L'ancien ministre de la Culture et de l'Education interpelle sans mâcher ses mots le président de la République, notamment sur la réduction du nombre de postes d'enseignants. Mais ce sont certainement les témoignages douloureux ou acides de professeurs qui marqueront le plus cette rentrée.

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